• Éléments introductifs
     
    La trame chronologique  

     
    La Révolution française débute en 1789 avec la réunion des États généraux et la prise de la Bastille et s'achève avec le coup d'État du 18 brumaire (9-10 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte. C'est un moment fondamental de l’Histoire de France, marquant la fin de l'Ancien Régime et le passage à une monarchie constitutionnelle puis à la première République qu'ait connue le pays. Ce n’est en rien un hasard si les symboles républicains actuels sont apparus durant cette période. La Révolution française mit fin à
    l'absolutisme royal, à la société d'ordres et à tous les privilèges. Elle proclama l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers de représentants élus. La Révolution française a créé des divisions immédiates et durables entre les partisans des idées révolutionnaires et les défenseurs de l'ordre ancien, et entre les anti-cléricaux et l'Église catholique.  
     
    Les grands événements politiques
     
    Sous la monarchie constitutionnelle  
     
    Le 1er mai 1789, les députés arrivent à Versailles. Ceux du clergé et de la noblesse sont reçus en grand apparat, pas ceux du Tiers-État. Le 5 mai 1789, le roi ouvre les États-Généraux. Son discours met en garde contre tout esprit d'innovation. Necker parle pendant trois longues heures, mais uniquement de questions financières. Aucune évocation des réformes politiques tant attendues n'est faite. Le pouvoir ne prend pas
    clairement position sur la question du vote par ordre ou par tête. Les ordres privilégiés prennent parti pour le vote par ordre. Le Tiers-état s'engage alors dans un processus de résistance en refusant de se réunir séparément des deux autres ordres. Au bout d'un mois de discussions et d'attente, le Tiers-état se décide à prendre l'initiative de vérifier les pouvoirs des députés par bailliage et sénéchaussée et non par ordre. Le treize juin, trois curés répondent à l'appel. Le seize, ils sont dix. Le 17 juin 1789, les États généraux, sur proposition de l’Abbé Sieyès, prennent le titre d’« Assemblée nationale ».  
     
    Le 20 juin, le roi fait fermer la salle des Menus Plaisirs, lieu de réunion du Tiers. Ceux-ci se dirigent alors vers une salle de jeu de paume voisine. Dans un grand enthousiasme, ils prononcent le serment du jeu de paume. Ils s’engagent à ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution écrite à la France. Le 23 juin 1789, lors d'une séance royale, une réunion des trois ordres en présence du roi, Louis XVI ordonne aux députés de siéger en chambres séparées. Alors que les députes de la Noblesse et du haut clergé obéissent et s'en vont, les députés du Tiers-état et ceux du bas clergé restent immobiles. Face à la résistance du Tiers, soutenu par le clergé et une cinquantaine de nobles, le roi invite, le 27 juin les ordres à débattre ensemble. L’Assemblée reprend alors immédiatement sa marche en avant. Le 9 juillet, elle se proclame Assemblée nationale constituante. Durant ces journées, l’Assemblée réalise une autre Révolution décisive : beaucoup de députés sont effrayés par la tournure des événements et démissionnent ; l’Assemblée déclare qu’elle tient son mandat non pas des électeurs individuellement pour chaque député, mais collectivement de la Nation toute entière.  
     
    Louis XVI fait mine de céder au Tiers-État. Mais, dès le 26 juin, il fait venir des troupes (20 000 hommes de régiments étrangers) sur la capitale. Or l’opinion parisienne est agitée. Le roi renvoie ses ministres jugés trop libéraux, parmi lesquels Necker, contrôleur des Finances, renvoyé le 11 juillet. La nouvelle est connue à Paris le 12. Dans l’après midi, dans les jardins du Palais-Royal, le journaliste Camille Desmoulins exhorte la foule à se mettre en état de défense. Il considère le renvoi de Necker comme une attaque contre le peuple. L'effervescence grandit. Le matin du 14 juillet 1789, les émeutiers parisiens partent chercher des armes. Dans une atmosphère révolutionnaire, ils pillent l'arsenal de l’Hôtel des Invalides où ils trouvent des armes et des canons mais pas de poudre. Ils arrivent ensuite aux portes de la prison royale de la Bastille pour chercher de la poudre et y retrouvent d'autres émeutiers massés devant la forteresse du Faubourg Saint-Antoine depuis le matin. Louis XVI cède à la pression parisienne et vient en personne le 16 juillet 1789 annoncer à l’assemblée le retrait des troupes qui encerclaient Paris. Il rappelle Necker ainsi que tous les ministres renvoyés. Le 4 août 1789, les privilèges sont abolie et le 26 août 1789, l’Assemblée constituante vote la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.  
     
    Dès septembre 1789, l'assemblée vote les premiers articles de la future constitution limitant le pouvoir royal. Les difficultés d’approvisionnement de Paris en grains et le retard de Louis XVI à promulguer la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et les lois du 4 et du 26 août abolissant la société d'ordres, provoquent les journées du 5 et 6 octobre 1789. La populace des faubourgs, suivie par Lafayette et sa nouvelle Garde nationale, vient à Versailles menacer la famille royale, et la contraint à revenir s'établir à Paris. Le pouvoir royal s'en trouve extrêmement affaibli. La France reste une monarchie mais le pouvoir législatif est passé entre les mains de l’Assemblée constituante. Jusqu'à l'été 1790, les intendants qui n’ont pas démissionné continuent
    d'exercer leurs fonctions, bien que leur étendue ait été considérablement réduite. L'échec de la tentative de fuite du roi (20 et 21 juin 1791) a pour conséquence de dévoiler au grand jour son hostilité au projet de 1789. Louis XVI accepte à contrecœur la Constitution de septembre 1791. Sur proposition de Louis XVI, le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l'empereur d'Autriche.  
     
    Louis XVI met son veto aux décrets sur les réfractaires et sur les fédérés. Cette situation provoque une nouvelle flambée révolutionnaire qui voit le peuple investir les Tuileries le 20 juin. L'Assemblée législative contourne le veto royal en proclamant « la patrie en danger », le 11 juillet 1792, et en demandant à tous les volontaires d'affluer vers Paris. Le 25 juillet, le chef de l'armée prussienne, le duc de Brunswick, fait savoir
    au gouvernement que Paris sera détruite si la vie du roi est à nouveau menacée. Quand le manifeste de Brunswick est connu des révolutionnaires parisiens, ceux-ci investissent l'Assemblée et demandent la destitution de Louis XVI. L'Assemblée refuse. Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 août 1792, une municipalité insurrectionnelle conduite par Pétion et Danton se forme. Au petit jour, les insurgés se présentent devant les Tuileries et finissent par investir et piller le palais défendu par la garde suisse qui se fait tuer sur place. Le roi et sa famille se réfugie dans l'enceinte de l'Assemblée législative, mais celle-ci se retourne contre lui en le suspendant de ses fonctions.
     
    Sous la première république  
     
    L'armée française remporte une victoire inespérée sur les Prussiens, le 20 septembre, lors de la bataille de Valmy. Le dernier acte de l'Assemblée Législative est de laïciser l'état civil. Le 20 septembre 1792, elle décide que les registres des naissances et des décès seront désormais tenus par les communes. Le lendemain, la Convention se réunit pour la première fois. Elle dispose provisoirement des pouvoirs législatif et exécutif.
    Elle décide d'abolir la royauté. Le 22 septembre 1792, la République est proclamée. C'est, pour les révolutionnaires, le début d'une ère nouvelle. La Convention est d'abord dominée par les Girondins.  
     
    Ils siègent au conseil exécutif et essaient d'éviter le procès du roi, craignant que celui-ci ne ranime la contre-révolution et ne renforce l'hostilité des monarchies européennes. Mais la découverte de « l'armoire de fer » aux Tuileries le 20 novembre 1792 rend le procès inévitable. Les documents trouvés dans ce coffre secret prouvent sans contestation possible la trahison de Louis XVI. Le procès commence le 10 décembre. Le roi Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793 place de la Révolution. Son exécution provoque des réactions mitigées dans la population française. Les souverains d'Europe réagissent en formant la première coalition en février 1793. Début mars 1793, l'insurrection vendéenne commence.   
     
    Les Girondins sont chassés du pouvoir par les journées des 31 mai et 2 juin 1793 menées par les sans-culottes parisiens. Les Montagnards se sont alliés avec les factions les plus extrémistes du peuple parisien pour parvenir au pouvoir. En juillet 1793, la Convention vote une constitution très démocratique et décentralisée, ratifiée par référendum. Le principal organe de gouvernement issu de l'Assemblée est le Comité de salut public. Il a été créé en avril 1793 et a été dominé par Danton jusqu'à son élimination le 10 juillet. Le 10 août 1793, la Convention décrète que l’application de la constitution est suspendue jusqu’à la paix. La Convention doit faire face aux sans-culottes parisiens les plus radicaux. Les 4 et 5 septembre 1793, ils envahissent la Convention et obtiennent la levée d'une armée révolutionnaire chargée de réprimer la
    contre-révolution et la rétribution des sans-culottes qui siègent dans les sections. Suite à leur action, la Terreur est « mise à l'ordre du jour » le 5 septembre 1793.
     
    En Vendée, les troupes républicaines infligent une sévère défaite à l'armée catholique et royale à la bataille de Cholet. Une partie de l'armée vendéenne remonte vers le nord pour tenter de prendre le port de Granville dans le Cotentin. Cette expédition, connue sous le nom de Virée de Galerne, se solde par un échec, mais elle témoigne de la force et de la détermination des contre-révolutionnaires. Le 5 octobre 1793, la Convention
    adopte le calendrier républicain. A l'initiative de Robespierre, un gouvernement d'exception est mis en place par le décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1793). A Paris, le Comité de salut public s'emploie à limiter l'influence des sans-culottes sur la Convention. A la fin du mois de mars 1794, il parvient à éliminer l'aile gauche des Montagnards. Au début de l'été 1794, l'effort de guerre consenti par la nation porte enfin ses fruits. La victoire de Fleurus, le 26 juin 1794 permet aux troupes françaises de reprendre la Belgique.
     
    Robespierre, en luttant contre les factions, en faisant revenir les terroristes les plus zélés, s'est fait beaucoup d'ennemis. Il est devenu l'homme politique le plus influent. Quand il se décide enfin à réapparaître à la Convention, il brandit la menace d'une nouvelle épuration, y compris contre certains députés qu'il a la maladresse de ne pas nommer. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), il est décrété d'accusation par l'Assemblée et arrêté. Il est guillotiné le lendemain, le 28 juillet 1794, avec ses principaux partisans. Les conventionnels thermidoriens rappellent les députés girondins et mettent fin à la Terreur. La nouvelle Constitution de l’an III est votée par la Convention le 29 messidor (17 août 1795) et ratifiée par plébiscite en septembre. Elle est effective à partir du 4 vendémiaire (26 septembre) de la même année et fonde le nouveau régime du Directoire.
     
    Pour le calendrier révolutionnaire, le Directoire dure du 4 Brumaire an IV au 18 Brumaire an VIII. Les partisans du retour à la monarchie remportent les élections de mars 1797. Les Républicains modérés organisent en septembre 1797 un coup d'état qui chasse deux des cinq directeurs et destitue ou invalide l'élection de 177 députés. En 1798, les élections semblent donner la faveur aux Jacobins. Le Directoire prend fin par le coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte qui déclare « Citoyens, la révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie ». Le Consulat est mis en place, un régime autoritaire dirigé par trois consuls, dont seul le premier détient réellement le pouvoir : la France entame une nouvelle
    période de son histoire en s’apprêtant à confier son destin à un empereur.
     
    Les données économiques et sociales  
     
    Sous la monarchie constitutionnelle  
     
    Une « Grande  peur » s'étend dans les campagnes en 1789. Les  paysans craignent que les seigneurs n'augmentent les taxes qui pèsent sur eux. Sans manquer d'afficher leur loyauté à la monarchie, ils pillent les châteaux et brûlent les « terriers », c'est-à-dire les documents qui contiennent les droits seigneuriaux. Quelques familles de hobereaux (petits seigneurs) sont battues, voire massacrées. C'est au tour des députés d'avoir peur. Dans la nuit du 4 août, pour calmer les paysans, ils votent l'abolition des droits seigneuriaux. Le 26 août 1789 est votée la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Les députés, inspirés par les philosophes français et anglais du passé (Hobbes,  Locke,  Montesquieu, Rousseau,...) votent dans l'enthousiasme cette Déclaration qui définit les droits de chacun en 17 articles.   
     
    Le 2 mars 1791, la loi d'Allarde abolit les corporations au nom de la liberté d'entreprendre et, dans un souci de cohérence, la loi Le Chapelier interdit le 14 juin 1791 la reconstitution de toute association professionnelle tant de patrons que de salariés (cette loi entravera au XIXe siècle la création de syndicats). Les Montagnards  
    obtiennent en définitive la condamnation à mort du roi. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné en place publique. La Convention proclame la « patrie en danger »  et annonce la levée de 300.000 hommes pour renforcer les armées. Cette mesure  entraîne une révolte paysanne dans tout l'ouest de la France. Le 11 mars 1793 débutent les guerres de Vendée, les plus impitoyables des guerres civiles qu'ait connue la France.
     
    Sous la première république
     
    L'économie et les échanges souffrent beaucoup de l'atmosphère de terreur. Le gouvernement tente d'imposer une monnaie de papier gagée sur les biens nationaux (ce sont en fait les propriétés de l'Église saisies en 1790), les « assignats ». C'est un échec total. Les Français dédaignent la nouvelle monnaie et conservent autant que possible leur monnaie en or. L'assemblée de la Convention réprime les émeutes royalistes et jacobines comme l'émeute de Vendémiaire du 5 octobre 1795. Elle prépare aussi une nouvelle Constitution. C'est ainsi que le 1er octobre 1795, un nouveau  régime, le Directoire, succède à la Convention. Dans ce nouveau régime, le pouvoir  législatif est partagé entre deux conseils, les Cinq Cents et les Anciens. Le pouvoir exécutif est confié à un Directoire de cinq personnes.
     
    Le gouvernement du Directoire éprouve malgré tout beaucoup de difficultés à faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État. A défaut de pouvoir compter sur des impôts efficaces, il invite ses généraux à rançonner les pays conquis. Le Directoire, critiqué à l'intérieur par les royalistes, est aussi menacé à  l'extérieur par la deuxième coalition. Le 5 septembre 1798, il instaure la conscription obligatoire par la loi Jourdan. Certains Directeurs, qui ont voté la mort de Louis XVI, sont prêts à toutes les compromissions sauf à restaurer la monarchie car celle-ci signerait leur perte. Sur une  idée de l'abbé Sieyès, extraordinaire personnage particulièrement bien inspiré, ils décident de confier leur sort à un général. Justement, Bonaparte vient de débarquer le 8 octobre 1799 à Fréjus. Les conspirateurs se tournent vers lui.


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