•    1)L’objectif initial

    Une partie des revenus de cette journée étant destinée à financer les actions en faveur des personnes âgées, notamment la prévention des risques liés à une nouvelle canicule. En pratique, les entreprises reversent une petite part de leur masse salariale brute à l'État (collectée par le biais des cotisations URSSAF). Les résultats chiffrés ou estimés obtenus prêtent à discussion. Le Premier ministre Dominique de Villepin les a jugés satisfaisants, déclarant le 1er juin 2006 que les bénéfices tirés de cette journée en matière de solidarité étaient «incalculables».

       2)Le principe

    L'employeur verse périodiquement 0,30 % de la masse salariale brute à titre de cotisation. C'est une cotisation exclusivement patronale. Les montants collectés sont reversés, par le biais des URSSAF, à une caisse qui a été constituée à cet effet. En contrepartie, chaque salarié doit travailler une journée supplémentaire chaque année. Le salarié fournit cette journée de travail gratuitement. Pour ces heures, il perd le bénéfice de la majoration correspondante pour heures supplémentaires, le repos compensateur qui s'y rapporte et l'inscription dans le contingent d'heures supplémentaires annuelles. Le bulletin de salaire ne mentionne aucune cotisation salariale.

       3)L’application

    En 2004, pour introduire cette journée supplémentaire de travail la loi avait prévu, par défaut et sans autre accord ou disposition prévus par la loi, de faire travailler le lundi de Pentecôte qui était jusqu'alors un jour férié et chômé. Entre 2004 et 2008 le lundi de Pentecôte a été travaillé par de nombreux salariés. Le lundi de Pentecôte restant un jour férié (mais non chômé) comme l'a réaffirmé le Conseil d’État le 3 mai 2005. La loi de 2004 prévoyait plusieurs possibilités d'applications (Extrait de la loi de 2004) : Cet accord peut prévoir soit le travail d'un jour férié précédemment chômé autre que le 1er mai, soit le travail d'un jour de réduction du temps de travail tel que prévu à l'article L. 212-9, soit toute autre modalité permettant le travail d'un jour précédemment non travaillé en application de dispositions conventionnelles ou des modalités d'organisation des entreprises. Les établissements d'enseignement primaire et secondaire sont fermés les lundis de Pentecôte, la charge de «corvée» reposant sur les professeurs doit être compensée par deux demi-journées habituellement non travaillées (mercredis après-midis ou samedis si l'établissement est normalement fermé ce jour. Une polémique existe sur ce point puisque le travail d'un professeur n'est pas «productif» et qu'il ne crée donc pas de richesse supplémentaire pendant ces deux demi-journées, cela apparaît comme une pure vexation.

       4)Les critiques

    Nombreux critiquent cette décision. Le Conseil d'État a été saisi mais il n'a pas considéré cette suppression comme illégale. Le lundi 16 mai 2005, le premier lundi de Pentecôte travaillé a été marqué par de nombreuses grèves. L'année suivante la journée de solidarité a donc été laissée au libre choix des entreprises. Le lundi de la Pentecôte reste néanmoins suggéré : il reste supposé « férié mais non chômé » par défaut. Points de vue des syndicats patronaux : le MEDEF est en faveur du travail cette journée là. En 2006, Laurence Parisot, juge « très bien » que ce lundi soit travaillé ; elle juge que l'État donne « le mauvais exemple » en fermant les écoles et les postes ; pour la CGPME, le lundi de Pentecôte « créera une inégalité entre les administrations, les grandes entreprises d'une part, et les PME/TPE d'autre part, ces dernières se trouvant dans l'incapacité matérielle de prendre en charge le versement de ces cotisations et d'« offrir » cette journée à leurs salariés. Points de vue des syndicats de salariés : pour la CFTC, « un travail sans rémunération correspond à du travail obligatoire ou forcé » ; pour la CFDT, « il y aura des grèves de salariés qui refusent de travailler ce jour-là. Ils ont raison de s'y opposer », a déclaré François Chérèque, car ce sont « surtout les salariés des petites entreprises et du commerce » qui vont travailler lundi, alors que, « dans beaucoup d'endroits, les grandes entreprises, les administrations ont réussi à négocier un maintien du lundi de Pentecôte ».


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