• L’héritage politique 
     
    Introduction
     
    Si l'histoire de Rome s'étend sur douze siècles, celle de son empire n'en couvre que huit et son caractère unitaire n'est indiscutable que pour trois siècles environ. Le VIe siècle avant JC est marqué par le règne de trois rois étrusques. Tarquin soumet les Latins, fait assécher le site où sera installé le forum et renforce le sénat. Servius Tullius fait construire une enceinte et, pour organiser une armée civique, dote les Romains d'une constitution censitaire. Enfin, Tarquin, surnommé le Superbe, engage de grands travaux et construit le temple de Jupiter, Junon et Minerve sur le Capitole. Mais ce souverain se conduit en tyran. Brutus ameute alors le corps civique et ordonne la fermeture des portes de Rome à Tarquin, parti en expédition. C'est alors que commencerait la République. 
     
    C'est aux Étrusques que Rome doit son nom, sa muraille, l'assèchement de la cuvette du Forum (construction d'un grand égout, ou Cloaca maxima) et la construction du sanctuaire du Capitole. Les fouilles ont révélé de grandes demeures privées. Enfin, des populations venues d'autres contrées y affluèrent. La Rome des rois étrusques apparaît comme une cité florissante, où trois pouvoirs se partagent l'administration: le roi, le sénat et l'assemblée des gentiles dans le cadre des trente curies. La fin de la monarchie se traduit par l'avènement d'une aristocratie. Rome ne se libère de l'emprise étrusque que vers 509 avant JC, avant de se replier sur elle-même.
     
    Dans la cité, le fait majeur des Ve et IVe siècles avant JC est l'opposition entre plèbe et patriciat, lequel groupe les familles dont l'origine remonterait aux rois légendaires de Rome et qui auraient donné les premiers sénateurs. Dans l'euphorie de la conquête, la situation politique connaît des apaisements successifs: un droit commun est mis en place (loi des Douze Tables), puis les plébéiens obtiennent le droit au mariage, la reconnaissance des pouvoirs de leurs magistrats, l'accès au consulat et à toutes les
    magistratures, ainsi qu'aux principaux sacerdoces. En 287, la loi Hortensia donne tout pouvoir à l'assemblée de la plèbe, dont les décisions («plébiscites») auront force de loi pour tous.
     
    Rome se met à vivre de son Empire mais doit faire face aux troubles qui en résultent. Dans la cité même naît une crise sociopolitique: dans une société de plus en plus puissante, les élites doivent devenir de plus en plus riches pour garder leur rang, tandis que les classes moyennes, déjà épuisées par l'effort de guerre, connaissent une paupérisation. Au Ier siècle avant J.-C., la vie politique romaine est très instable. Pompée et César mènent une lutte sans merci pour obtenir le pouvoir. Finalement, c'est Octave, le fils adoptif de César, qui devient le maître incontesté de Rome, sous le nom d'Auguste. Il
    cumule tous les pouvoirs et fonde l'Empire. Il Après une période troublée au IIIe siècle, l'Empire se redresse. Mais affaibli par les invasions barbares, il est divisé en deux en 395 : l’Empire d'Occident qui disparaît en 476 sous le coup des invasions barbares, l'Empire d'Orient qui résiste aux Barbares et qui se maintient jusqu'en 1453.   
     
    La res publica 
     
    Les assemblées populaires 
     
    Le terme des comices servait à désigner les assemblées publiques du peuple romain où, sous la République, se décidaient l'élection des magistrats, le vote des lois, les déclarations de guerre, les traités de paix, et, dans quelques cas, le jugement des individus accusés de crimes publics. On distinguait trois sortes de comices, conformément aux trois divisions politiques et sociales du peuple romain : les comices par curies (comices curiates), les comices par centuries (comices centuriates), et les comices par tribus (comices tributes). Les comices curiates et tributes se réunissaient devant la Curie, et les comices centuriates se réunissaient au champ de Mars. Les comices par curies et par centuries ne pouvaient se tenir qu'avec l'autorisation du Sénat, et il fallait en outre prendre les auspices; les comices par tribus n'exigeaient pas ces formalités.
     
    Les comices curiates, les plus anciens puisqu'ils remontaient à l'époque de la royauté, étaient ouverts aux seuls citoyens primitifs de l'ancienne Rome; ils élisaient le roi, mais avaient principalement pour objet de confirmer les décrets du Sénat qui était le Conseil du roi, au-dessus de l'assemblée curiate. Ils perdirent progressivement la plupart de leurs attributions, et, relativement aux élections et aux lois, ces comices finirent par avoir simplement le pouvoir de confirmer ou de rejeter ce que le Sénat avait déjà décrété. Les comices centuriates apparurent au VIe ou au Ve s. avant JC Leurs principales
    attributions étaient les suivantes : élection des magistrats supérieurs (consuls, censeurs, préteurs, etc.), vote des lois, décisions relatives à la paix ou à la guerre, et jugement des causes capitales intéressant la sûreté de l'État. Enfin, les comices tributes s'occupaient surtout des affaires intérieures et des questions intéressant les droits du peuple; ils avaient seulement le droit d'élire aux magistratures mineures. Les décisions prises par les tribus, portant le nom de plébiscites, ne furent d‘abord obligatoires que pour les plébéiens; la loi Hortensia (286 avant JC) les rendit obligatoires pour tous les citoyens, en les assimilant complètement aux lois proprement dites.
     
    Les magistrats
     
    Les comices centuriates élisent les magistrats supérieurs (consuls, préteurs et, tous les cinq ans, censeurs); une autre assemblée, les comices tributes, ouverte à tous mais où le décompte des voix se fait par tribus – celles-ci sont très inégales en nombre de citoyens –décident de la paix, choisissent les magistrats inférieurs et votent des lois. De son côté, l'assemblée de la plèbe choisit ses édiles et ses tribuns et vote les plébiscites. La charge des magistrats est annuelle et collégiale.
     
    Le consulat apparut en 509 avant JC, après le soulèvement populaire qui contraignit les Tarquins à l'exil. Les deux consuls, magistrats suprêmes de la République, étaient élus pour un an par les comices centuriates. Ils gouvernaient ensemble et possédaient des pouvoirs étendus: ils convoquaient et présidaient le Sénat et les comices, exécutaient les décrets, commandaient l'armée, concluaient la paix et les traités d'alliance. D'abord réservé aux patriciens, le consulat s'ouvrit aux plébéiens à partir du IVe s. avant JC. Les pouvoirs des consuls se restreignirent progressivement, à mesure que le territoire de la République grandit et que son administration se compliqua.  
     
    Au nombre de deux et désignés en principe pour cinq ans, les censeurs romains avaient pour tâche première d'établir le cens. Ils étaient également chargés de dresser la liste des sénateurs et des chevaliers, de vérifier les comptes et d'administrer les biens de l'État, de surveiller les mœurs. Dans cette partie de sa fonction, Caton l'Ancien fut l'un des plus sévères magistrats, adversaire farouche des progrès de l'hellénisme. A Rome, les préteurs sont le nom donné aux magistrats chargés de la justice. En 241 avant JC, on divisa cette magistrature en préture urbaine et préture pérégrine, celle-ci se chargeant des affaires avec les étrangers libres. Les préteurs pouvaient également remplacer le consul à la tête de l'armée, proposer des lois et convoquer les assemblées.
     
    A Rome, sous la République, le questeur est la magistrature la plus basse du cursus honorum. Secrétaires des consuls au début de la République, les questeurs furent ensuite élus par les comices tributes, et leur nombre fut porté à 20 par Sulla, qui les chargea de la gestion du Trésor. A Rome, les édiles sont les magistrats chargés, notamment, de l'inspection des bâtiments, de la police municipale, de l'organisation et de la surveillance des jeux, de l'approvisionnement de la ville. Créée en 494 avant JC, l'édilité fut d‘abord réservée aux plébéiens, puis, à partir de 367, elle s'ouvrit aux patriciens ( édilité curule).
     
    Dans la Rome antique, l’imperium est puissance publique. Sous la République, ce pouvoir fut conféré aux magistrats: consuls, préteurs, questeurs, etc. Tous les magistrats exerçaient dans le cadre de leurs attributions un pouvoir défini comme la puissance (potestas) d’agir et d’exécuter les décisions des comices et du sénat. Les magistrats supérieurs (consuls, préteurs) disposaient en outre du pouvoir suprême de commander et de contraindre, l’imperium, notion héritée de l’ancienne monarchie étrusque, symbolisée par le cortège de trente licteurs, munis des faisceaux et de la hache, qui les accompagnait Un faisceau est un  assemblage de verges, liées en nombre variable autour d'une hache
    par une courroie de cuir rouge.  
     
    Le sénat
     
    Le sénat romain, « cœur de la république », jouait un rôle important. Formé au départ des chefs des grandes familles patriciennes, il s’était ouvert plus largement à la suite des réformes intervenues en 318 et en 120 avant JC qui avaient confié aux censeurs le soin de déterminer sa composition et d’y nommer les meilleurs citoyens. Il ne comprenait en fait que d’anciens magistrats qui y accédaient dès leur sortie de charge. Il donnait son avis sur toutes les grandes affaires politiques, les projets de lois, les listes de candidats aux élections, les préparatifs de guerre, sous la forme de sénatus-consultes voté à la
    majorité. 
     
    Il intervenait spécialement en matière de diplomatie, d’administration des provinces conquises et de gestion des finances. Son influence reposait sur une notion propre au droit romain public et privé, une fonction d’approbation, l’auctoritas (du verbe augere : ajouter, augmenter), qui n’était pas un pouvoir de décision ou de commandement mais allait bien au-delà d’un simple conseil et donnait aux actes approuvés une valeur et une autorité supérieures. La complexité des systèmes de gouvernement des cités antiques n’a pas suffi à prévenir les crises politiques. A Rome, la république a connu un siècle de
    guerres civiles avant de disparaître en 27 avant JC. 
          
    L’empire romain
     
    Le principat
     
    Le principat est  le nom donné par les historiens à la période inaugurée par Octave Auguste, caractérisée par la réunion des pouvoirs républicains dans les mains d'une seule personne. L’empire a été fondé par Octave après les guerres civiles de la fin de la République romaine. On le date habituellement de 27 avant J.-C. En janvier 27, Octave remit tout ses pouvoirs à la disposition du sénat, démission feinte qui ne pouvait être accepté car elle eût entraîné la reprise des guerres civiles. Comme il l’espérait, le sénat le supplia de conserver le pouvoir et lui conféra des attributions supplémentaires : l’imperium proconsulaire, l’auctoritas lui permettant de porter le titre d’Auguste et la
    puissance tribunicienne. 
     
    L’imperium proconsulaire est nécessaire pour exercer le commandement de l’armée et des provinces. L’auctoritas donne à tous les actes de l’empereur une autorité supérieure . Il le plaçait au dessus des autres magistrats et le soustrayait aux conséquences de la collégialité. La puissance tribunicienne est le dernier pouvoir donné à Octave par le sénat. Elle rend l’empereur inviolable et sacré, lui permettait de convoquer et présider les assemblées de la plèbe et le sénat, faisait de lui le protecteur du peuple. La transmission héréditaire de la fonction impériale s’est établie plus difficilement du fait de la persistance
    des apparences républicaines. Les empereurs ont contourné le problème par l’adoption de leur successeur et par leur association à l’exercice du pouvoir.   
     
    Le dominat
     
    Dans la terminologie de certains historiens modernes, le dominat caractérise le régime impérial du Bas-Empire, par opposition au principat qui est réservé pour la période du Haut-Empire. Cette dénomination, tirée du titre impérial Dominus (maître), fait mieux ressortir l'absolutisme des empereurs à partir de la fin du IIIe s. après JC. Le IIIe siècle apparaît comme une époque de troubles, qui aboutit à une mutation des institutions. En Europe, les peuples germaniques, déstabilisés par de grandes migrations, essaient de franchir le Rhin et le Danube. Une grande incursion germanique ravage les Gaules, mais les Romains reprennent l'avantage et s'avancent jusqu'en basse Mésopotamie. Dans son
    ensemble, l'Empire a bien résisté, mais les provinces ont été localement ruinées par les fréquents passages des armées romaines et barbares. 
     
    En 286, deux augustes, Dioclétien en Orient et Maximien en Occident, gouvernent le monde romain. En 287, ils prennent respectivement les titres de Jovius et d'Herculius. La paix règne sur toutes les frontières à partir de 298. La professionnalisation de l’administration impériale a été la conséquence du déclin progressif des magistratures républicaines et de la concentration des pouvoirs en la personne de l’empereur. Celui-ci dut s’entourer de collaborateurs choisis tantôt dans sa propre domesticité, tantôt dans l’aristocratie romaine et provinciale. A l’opposé des magistratures républicaines, la haute
    administration était ainsi formée de professionnels qui se consacraient durant toute leur carrière au service de l’Etat. La centralisation de l’administration a été, au même titre que sa professionnalisation, la conséquence du caractère personnel du régime. Localement, les ordres impériaux étaient relayés par une administration complexe, repartie en circonscriptions dont chacune disposait d’organe propre.  
     
    L’empire chrétien 
     
    Dioclétien s'attaque aux croyances jugées dangereuses, d'abord au manichéisme, ensuite au christianisme (303-304), par quatre édits successifs qui font des milliers de victimes, surtout en Orient, en Italie et en Afrique. En 305, Dioclétien et Maximien Hercule abdiquent, leurs Césars Constance Chlore et Galère les remplacent. Mais le système est déréglé en 306 par la mort de Constance Chlore et la proclamation par ses troupes de son fils Constantin (306-337), qui prend le contrôle des Gaules, des Germanies, de l'Hispanie et de l'île de Bretagne. Constantin s'empare de l'Italie en 313 et de tout l'Orient en 324. Après avoir autorisé le christianisme, il s'y convertit lui-même, faisant du monde
    romain un empire chrétien de droit divin, puis s'installe à Byzance, débaptisée en Constantinople en 330, site à mi-chemin entre les fronts oriental et danubien. Ce pari est gagné par son fils Constance II; la nouvelle capitale reçoit sénat, magistrats et jeux, et atteint 200 000 habitants à la fin du siècle.
     
    Constantin et ses fils développent l'administration impériale, favorisent le christianisme jusqu'en 361, et interdisent le culte païen en 391. L’édit de Milan est un édit  établissant la liberté de conscience dans l'Empire romain et qui serait dû à Constantin (313). En fait, il s'agit d'un accord entre Constantin et Licinius, qui adoptèrent une politique religieuse commune à tout l'Empire; elle reconnaissait aux chrétiens la pleine liberté de culte et restituait les biens confisqués aux Églises. Théodose (Cauca, en Galice, 347 — Milan, 395). Empereur romain (379-395)), tombé gravement malade à Thessalonique à la fin de 380, s'était fait baptiser. Depuis lors, il était devenu le plus ardent défenseur des chrétiens contre les ariens, puis contre les païens.  Il fut mené par l'idée de rétablir l'unité de l'empire dans et par le christianisme contre les différentes hérésies, déclarant le christianisme religion d'État en 380. En 476, le dernier empereur romain est détrôné par un chef barbare. C’est la fin de l’empire romain d’occident.


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