•    1)Un geste malheureux

    En 1945, l’Afrique française du nord (AFN) compte deux protectorats, le Maroc et la Tunisie, plus une colonie de peuplement qui forme trois départements (l’oranais, l’Algérois et le Constantinois), l’Algérie. L’Algérie est la première conquête de la France au Maghreb. A l’origine, le roi Charles X prend le prétexte de venger une injure nationale. En 1827, le Dey d’Alger Hussein a frappé le Consul de France au bras d’un coup de chasse-mouche. L’explication de ce geste inconsidéré est une dette contractée par le Directoire en 1798 pour l’achat d’une grande quantité de blé auprès de deux marchands juifs livournais installés à Alger, Busnach et Bacri. La République puis le Consulat ont payé trois fois la somme due, mais Talleyrand leur ministre des Affaires a détourné l’argent. La créance a été entre-temps rachetée par le Dey d’Alger Hussein à Busnach et Bacri. S’irritant de la mauvaise volonté apparente de la France, il s’en prend alors à son Consul.

       2)Une réponse armée

    Quand Charles X décide l’expédition contre « Alger la Blanche », son but véritable est de détourner l’ardeur révolutionnaire et belliciste des français par une guerre extérieure. Or il est renversé par les Trois Glorieuses (26-28 juillet 1830) alors qu’Alger est déjà entre les mains de la Flotte et de l’Armée française. Que faire de cette conquête ? Sans réflexion profonde, mais travaillée par les idées saint-simonienne (de Saint-Simon, un socialiste utopique) et romantiques, le commandement de l’Armée se laisse aller à la conquête progressive des trois provinces ottomanes et à leur colonisation. Imbu d’histoire romaine, le général Bugeaud gouverneur de 1841 à 1847 est partisan de la conquête absolue de la province d’Alger et deux autres deyliks ottomans. La Seconde République essaie en 1848 de régler les problèmes sociaux de la Métropole par l’envoi de chômeurs en échange de concessions de terres gratuites. Mais les résultats sont faibles. Les déportés politiques de 1848, ceux de 1851, puis les alsaciens-lorrains chassés en 1871 forment les gros contingents de la colonisation qui attire aussi des espagnols et des italiens. Ces colons sont surnommés « pieds noirs » par les indigènes, car ils portent des souliers de cuir noir.

       3)La France et l’Algérie

    Dès le second empire, dans ce que l’on appelle désormais « l’Algérie » Napoléon III voit « un boulet attaché à la jambe de la France ». En public, il n’en soutient pas moins la politique des « Bureaux Arabes » qui essaient de créer des liens de coopération avec les populations musulmanes et demande de les traiter « comme des compatriotes ». La fin du Second Empire achève aussi la mainmise de l’armée sur l’Algérie qui se dote d’un gouvernement civil moins favorable aux arabes, avec un gouverneur général à Alger. A partir de 1871, des révoltes sporadiques en particulier kabyles essaient vainement de secouer le joug français à chaque guerre européenne que connait la France. La seule exception est la seconde guerre mondiale bien que certains nationalistes algériens essaient de prendre appui sur les autorités germano-italiennes présente en Tunisie et en Algérie en tant que commissions d’armistice. Au cours de deux guerres mondiales et surtout de la première, les musulmans fournissent d’importants contingents dans les tirailleurs (infanterie) et les spahis (cavalerie). L’armée de Lattre qui débarque en Provence (15 août 1944) comprend des régiments de tirailleurs algériens.

       4)Population et économie

    Economiquement, l’Algérie vit surtout de l’agriculture et de l’exportation d’agrumes et de vin vers la métropole. Les colons sont de moins en moins de paysans mais surtout des petits commerçants et artisans et des fonctionnaires. Les algériens sont des citoyens de seconde catégorie, à l’exception d’une petite minorité qui a reçu la citoyenneté française. Deux collèges électoraux séparent les européens des musulmans. En 1954, la population européenne se monte à 948 000 personnes dont 79% sont nés en Algérie, soit 10% de la population totale. La population musulmane se monte à 8 700 000 dont 300 000 en métropole en 1954. Elle est en plein essor démographique (200 000 naissances par an) grâce aux progrès médicaux amenés par les français. Les grandes villes d’Algérie ressemblent à des préfectures française avec leur mairie, leur cathédrale, leurs monuments aux morts. La ville indigène comme la Casbah à Alger est plus réduite. Après 1945 apparaissent les premiers HLM. La croissance démographique de la population musulmane pose des problèmes économiques et sociaux que la France, alourdie du fardeau de la reconstruction après la seconde guerre mondiale, n’a pas les moyens de régler.


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