• Le suivisme européen
     
    Les politiques
     
    La communauté européenne de défense (CED) est une organisation prévue par le traité  du 27 mai 1952 entre les six Etats déjà membres de la CECA, mais non effectivement  créée à la suite du refus de la France (30 août 1954). Ce projet tendait à intégrer les  forces armées des six Etat membres sous une autorité supranationales. La coopération politique européenne connaîtra un développement important avec la création d’une politique étrangère et de sécurité commune. La politique étrangère et de sécurité commune est prévue par le traité de Maastricht (1992). La politique étrangère et de sécurité commune est l’institutionnalisation de la coopération politique européenne,  l’approfondissement par le fait de prévoir l’adoption d’actions communes dans les  domaines relevant de la politique étrangère et de sécurité.
     
    Le traité d’Amsterdam (1997) a introduit des dispositions renforçant les mécanismes établis par le traité de Maastricht. Le haut représentant de l’Union européenne est créée par le traité d’Amsterdam pour représenter l’Union dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune. Les orientations de la politique étrangère et de sécurité de l'Union (PESC), instaurée par Maastricht, sont définies à la majorité par les chefs d'État et de gouvernement pour toutes les décisions politiques fondamentales. Un vote à la majorité qualifiée est introduit pour les décisions à mettre en œuvre. le Conseil européen  de Cologne, en juin 1999,  a décidé de mettre en place, d’une part des outils
    institutionnels , d’autre part de définir des capacités militaires opérationnelles. Le Conseil européen d’Helsinki de décembre 1999 a concrétisé les engagements pris à Cologne. 
     
    L’exemple de l’ex-Yougoslavie
     
    Un Etat multinational 
     
    Quand l’empire des Habsbourg s'effondre, un Conseil national des Slovènes, Croates et  Serbes se tient lieu à Zagreb le 6 octobre 1918. Le 29 octobre le Sabor croate déclare  son indépendance et la création de l’État des Slovènes, Croates et Serbes. La première Yougoslavie est créée le 1 décembre 1918 sous le nom de Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Le pays est constitué par le regroupement de plusieurs territoires : le royaume de Serbie, de langue serbo-croate et à majorité chrétienne orthodoxe, mais qui inclut l'actuelle Macédoine à majorité bulgarophone, et la Methohie (Kosovo) alors déjà aux deux tiers albanophone et musulmane. le royaume de Monténégro, de langue serbo-croate et à majorité orthodoxe. la Voïvodine, majoritairement de langue serbo-croate et 
    orthodoxe, mais avec d'importantes minorités magyares, roumaines, allemandes. le territoire de Bosnie-Herzégovine, de langue serbo-croate, et où catholiques, orthodoxes et musulmans étaient en nombre sensiblement égal. la Croatie, de langue serbo-croate et à majorité catholique. le territoire de Slovénie, de langue slovène et catholique. 
     
    En 1921, le roi Alexandre I juge utile de dissoudre le Parti communiste. Mais les tensions s'exacerbent (non sans influences extérieures parfois). Le roi décide alors en 1929 de suspendre la constitution et de rebaptiser le pays, Royaume de Yougoslavie. Il gouverne alors en monarque absolu. Alexandre I s'inspire clairement du jacobinisme français. Il cherche a apaiser les tensions nationalistes et a décourager les tendances séparatistes. De nombreux politiciens sont emprisonnés, assignés à résidence sous surveillance policière, notamment les communistes et autonomistes croates et bulgares de Macédoine . La dictature ne fait qu’amplifier les tensions nationalistes. Malgré le soutien français, la 
    politique d’Alexandre I souffre bientôt de l’opposition des autres puissances européennes alors que le Fascisme et le Nazisme prennent le pouvoir en Allemagne et en Italie, et que Staline devient le dirigeant de l’URSS. Aucun de ces trois régimes n'est favorable à la politique d’Alexandre I . L’Italie et l’Allemagne souhaitent revoir les traités signés a la fin de la première guerre mondiale et l’Union soviétique est déterminée à retrouver sa puissance sur le plan international. Le roi Alexandre I est assassiné à Marseille en 1934, par Vlado Chernozemski (né Velichko Dimitrov Kerin) membre de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne. Son fils de 11 ans, Pierre II lui succède sous la  régence du Prince Paul.  
     
    La scène politique internationale à la fin des années 1930 est marquée par l’attitude agressive des régimes totalitaires et la certitude que l’ordre mis en place à la fin de la première guerre mondiale perdait de sa stabilité et de sa force. Le Prince Paul cède à la pression des puissances fascistes et signe avec elles, le 25 mars 1941 à Vienne, le Traité tripartite, espérant ainsi garder la Yougoslavie en dehors de la guerre. Mais cette décision affaiblit la popularité du régent dans une opinion publique largement pro-alliée, et des officiers de l’armée, opposés à ce traité, lancent un coup d’état au retour du prince, le 27 mars. L’armée prend le pouvoir, arrête la délégation de Vienne, exile le prince Paul et met fin à la régence, donnant le pouvoir absolu au roi pro-allié Pierre II. Hitler attaque donc la Yougoslavie le 6 avril 1941, et enchaîne par l’invasion de la Grèce, qui tenait les Italiens en échec depuis 6 mois en Albanie.   
     
    Le Roi doit s'exiler, l'armée capitule et le pays est aussitôt démantelé. Au nord, la Slovénie est partagée entre l'Allemagne, l'Italie et la Hongrie. Ante Pavelić crée l'État indépendant de Croatie (NDH, qui inclut la Bosnie-Herzégovine), un état Oustachie allié à l'Allemagne nazi, tandis que la Serbie est occupée et placée sous administration militaire allemande avec à la tête d'un état local fantoche le général Milan Nedić. Mais c'est une Serbie diminuée de la Voïvodine (partagée entre la Hongrie et l'Allemagne), de la Macédoine, partagée entre la Bulgarie et l'Albanie italienne. Le Kosovo aussi est 
    annexé à l'Albanie italienne, tandis que l'Italie annexe une grande partie de la côte croate, et qu'un État "indépendant" sous occupation italienne est créé au Monténégro. La résistance légitimiste des Tchétniks s'organise autour de Draža Mihajlović, un royaliste serbe, surnommé le "général des Balkans", tandis que celle des Partisans communistes se développe sous la direction du croate Tito. La guerre civile en Yougoslavie paraissait inévitable. En 1944-45, le maréchal Tito libère le pays sans l'intervention  des pays alliés. 
     
    La période entre 1945 et 1950 se caractérise par la mise en place d'un État communiste et le développement de la répression contre les non communistes (Églises, mouvements nationalistes tant croates que serbes). La république socialiste de Yougoslavie était un État fédéral composé de six républiques : Bosnie-Herzégovine (capitale Sarajevo), Croatie (capitale Zagreb), Macédoine (capitale Skopje), Monténégro (capitale Titograd, redevenue Podgorica), Serbie (capitale Belgrade), Slovénie (capitale Ljubljana). Après la mort de Tito en 1980, les tensions se font jour, avec la montée du nationalisme dans les différentes républiques fédérées, longtemps contenu et canalisé par le pouvoir central. Après l'arrivée au pouvoir, dans la République de Serbie, de Slobodan Milošević, la 
    menace se fait plus précise. En avril 1987, alors numéro deux du régime yougoslave, il est envoyé en mission au Kosovo, pour calmer les nationalistes serbes qui considèrent être victimes de discriminations et de violences de la part de la majorité albanaise. Il devint un héros des nationalistes serbes. En mai 1989, il est élu président de la Serbie.
     
    De l’indépendance à la guerre entre les nations 
     
    En 1990, les premières élections libres et pluralistes se déroulent en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Serbie, en Slovénie et en Croatie suivant en cela le mouvement de démocratisation engagé en Europe de l'Est. Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Slovénie et Croatie élisent des présidents favorable au pluralisme et indépendantistes. En Serbie, où le Parti radical serbe de Vojislav Šešelj est minoritaire, et au Monténégro le parti communiste conserve le pouvoir. En Bosnie-Herzégovine, ce sont des partis nationalistes des 3 nationalités (croate, musulmane et serbe) qui remportent les élections. En Slovénie, Milan Kučan, favorable a l'indépendance de la Slovénie, sort vainqueur.  
     
    Le nouveau président de la Croatie, Franjo Tuñman, est également pour une dissociation de la Yougoslavie. Le parti de Tudjman, le HDZ, purge la république de Croatie d'un grand nombre de fonctionnaires pro-communiste, un grand nombre de ces fonctionnaires étant serbes, cette mesure est prise comme une attaque envers les Serbes de Croatie. La Slovénie de Milan Kučan et la Croatie de Franjo Tuñman cherchent à obtenir leur indépendance. Ainsi, ils tentent de créer de manière clandestine une armée, financée en grande partie par l'Allemagne. Les Serbes de quelques municipalités de Croatie, se sentent lésés et persécutés. Contrairement aux Serbes de Zagreb, qui demandent des négociations et un compromis, les Serbes de la Krajina préfèrent une voie violente, en 
    s'en prenant aux Croates.  
     
    La République serbe de Krajina, dont la capitale est Knin, est unilatéralement proclamée le 28 février 1991 par le nationaliste serbe Milan Babić, et finit par s'étendre sur près d'un quart du territoire croate. Les premiers coups de feu sont tirés au printemps 1991. Les autorités de Belgrade apportent un soutien aux combattants nationalistes, allant jusqu'à dissuader une intervention des forces croates, par l'emploi des forces aériennes fédérales. Suite a un référendum, boycotté par la plupart des Serbes de Croatie, et comme le permet leur constitution, le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur 
    indépendance. L'Allemagne est le premier pays européen, après le Vatican, à reconnaître la Croatie et la Slovénie le 23 décembre, suivie par les autres pays européens le 15 janvier 1992. L'Armée fédérale (JNA), chargée de garantir l'unité yougoslave, intervient contre les deux républiques sécessionnistes. De violents affrontements s'ensuivent, contre les milices de la Croatie et de la Slovénie. La Slovénie, par cette courte guerre (27 juin -6 juillet) d'une dizaine de jours, se présente à la communauté internationale comme une nation agressée.  
     
    Suite à un référendum, boycotté par les Serbes de Bosnie, et comme le permet leur constitution, le 29 février 1992, la Bosnie déclare son indépendance. La reconnaissance de la république indépendante de Bosnie, par la Communauté économique européenne, s’est faite dans les mêmes conditions que la reconnaissance de la Croatie et de la Slovénie, en la date du 6 avril 1992. Cette reconnaissance a été suivie par celle des États-Unis et son admission au Fonds monétaire international. Suite à quoi, le 22 mai 1992, la Bosnie, la Croatie et la Slovénie ont été admises dans l’organisation des Nations unies. 
    Comme pour la Croatie et la Slovénie, la Bosnie est attaquée par l'armée yougoslave sous commandement serbe, appuyée par les milices serbes et les Serbes de Bosnie.  
     
    La Yougoslavie s'effondra en avril 1992, à la suite de la montée irrépressible des sentiments nationalistes, puis à la sécession de la Slovénie, de la Croatie, de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Les accords de Dayton furent signés après la défaite militaire des forces bosno-serbes : reprise de la Krajina par la Croatie (août 1995), contre-offensives croato-bosniaques en Bosnie occidentale (août-septembre), frappes aériennes de l'OTAN (septembre). Vaincus, les Serbes de Bosnie mandatèrent Milosevic, président de la république de Serbie, pour négocier en leur nom. Dayton réaffirma l'intégrité de la Bosnie-Herzégovine dans ses frontières, telles qu'elles avaient 
    été reconnues en 1992, et prit en compte l'existence de deux Entités: la Fédération de Bosnie-Herzégovine ou Fédération croato-musulmane (51% du territoire) et la Republika Srpska ou République serbe de Bosnie (49%), dotées chacune de leur propre armée et de leurs propres lois. Il fut prévu d'envoyer une force  sous contrôle de l'OTAN, appelée IFOR remplacé en 2003 par la SFOR puis en 2004 par la l’EUFOR.  
     
    Le mois de mai 1998, vit l'émergence d'une Armée de libération du Kosovo (UCK), créé en 1993 par des militants marxistes-léninistes en exil. Active depuis 1996, l'UCK multiplia les attentats contre la police serbe et ses collaborateurs; depuis plusieurs années, des milliers d'Albanais, soupçonnés d'en faire partie, avaient été interpellés par la police et torturés. Après avoir intensifié le harcèlement policier sur le Kosovo, les autorités de Belgrade lancèrent en février 1998 une vaste offensive militaire et policière destinée à «éliminer les terroristes de l'UCK».  En août 1998, l'OTAN multiplia les
    ultimatums à Belgrade pour obtenir un cessez-le-feu. Un groupe composé de la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et la Russie — organisa, en février 1999, une conférence avec les parties serbe et albanaise, destinée à trouver une solution à la crise. 
     
    Alors que la délégation albanaise, malgré ses profondes divisions, signait à Paris le 18 mars le texte élaboré par le groupe de contact, les représentants de la RFY le rejetaient, malgré les exhortations pressantes de la communauté internationale. Sur le terrain, cependant, les militaires serbes, appuyés par les unités paramilitaires, se déployaient de façon de plus en plus massive, poursuivant leur «travail» de purification ethnique. Rompant avec la longue passivité qui avait été la leur lors des offensives serbes en  Croatie puis en Bosnie, les grandes puissances, avec à leur tête les États-Unis, décidèrent 
    finalement d'une intervention de l'OTAN. Après avoir tenté en vain de négocier un arrêt des hostilités avec Belgrade, les huit pays impliqués dans l'opération (Allemagne, Canada, Espagne, États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Pays-Bas) optèrent pour une offensive exclusivement aérienne; celle-ci débuta le 24 mars 1999 par des frappes sur des objectifs serbes au Kosovo et en Serbie, mais aussi au Monténégro.  
     
    Les troupes serbes réagirent aussitôt en expulsant massivement les Albanais de leur province (environ 900 000 personnes à la fin mai 1999), tandis que les bombardements de l'OTAN se poursuivaient.  Le 27 mai, le président yougoslave Slobodan Milosevic, le président de la Serbie M. Milutinovic et trois autres dirigeants serbes étaient inculpés pour «crimes de guerre et crimes contre l'humanité » par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Redoutant d'être engagée dans une intervention terrestre qui s'annonçait risquée, l'OTAN intensifiait ses bombardements et, le 9 juin 1999, après 
    une ultime intervention de la diplomatie russe, obtenait le retrait des troupes serbes. La  KFOR, force multinationale de paix au Kosovo, créée sur décision du conseil de sécurité  de l'ONU et placée sous le commandement de l'OTAN, se déployait aussitôt dans un  Kosovo transformé en champs de ruines, tandis que les troupes serbes se retiraient, non sans commettre de nouvelles exactions. 
     
    En juillet, Bernard Kouchner, jusque-là ministre de la Santé dans le gouvernement français, était désigné comme administrateur civil de l'ONU pour le Kosovo. En 2000 la République Fédérale de Yougoslavie a été admis aux Nations unies. Dans son dernier état, la Yougoslavie ne comprenait plus que les seules républiques de Serbie et du Monténégro, le statut du Kosovo demeurant incertain. En 2002, la Serbie et le Monténégro parviennent à un nouvel accord portant sur leur coopération future. Le 4 février 2003, le parlement fédéral de Yougoslavie dissout le pays et accepte la création d'une fédération limitée des deux États restants. Le 3 Juin 2006, le Monténégro a déclaré son indépendance suite à un référendum en faveur de la séparation de la Serbie. 
     
    En mars 2007, le médiateur chargé par les Nations unies de définir le statut le plus approprié pour le territoire kosovar déclarait que la seule solution pour assurer la viabilité économique et politique était l'indépendance. Il déclarait que, pour une période transitoire, le Kosovo soit placé sous la «supervision» d'un représentant international délégué par l'Union européenne et soutenu par l'OTAN.  Les dirigeants politiques du Kosovo ont donné leur appui à ce scénario, mais les autorités serbes ont opposé une fin de non-recevoir. Après des années de négociations infructueuses entre la Serbie et le
    Kosovo, la province serbe a, le 17 février 2008, fini par déclarer unilatéralement son indépendance, avec l'appui des grandes puissances. La Serbie a évidemment considéré comme nulle et illégale la proclamation d’indépendance de sa province.

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique