• Naissance du droit public dans l'antiquité gréco-romaine partie 1.7

          b)L’étude des formes de gouvernement

    La science politique a trouvé en Grèce un terrain favorable à son développement en raison du goût qui y régnait pour la spéculation philosophique et de la grande diversité des régimes des cités. L’étude et la typologie des formes de gouvernement ont leur origine chez l’historien Hérodote (484-425 av. J.-C.), qui a été le premier à présenter, dans un dialogue fictif entre trois seigneurs perses, les mérites et les défauts respectifs de la tyrannie, c’est-à-dire du pouvoir absolu d’un seul homme, de l’oligarchie, où le pouvoir est exercé par une minorité, et de la démocratie, où il appartient à l’ensemble du peuple.

    Classification reprise et enrichie par Platon, dans sa République (entre 384 et 377 av. J.-C.), où il distingue les régimes politiques non seulement selon leur forme objective, mais aussi selon la valeur morale de ceux qui les exercent : la monarchie peut être sophocratie lorsqu’elle est exercée par un sage dans l’intérêt commun, ou tyrannie lorsque le prince ne possède pas la sagesse et gouverne dans son propre intérêt ; l’oligarchie peut être timocratie lorsque cette élite gouverne en vue des honneurs, ou oligarchie au sens strict lorsqu’elle n’a en vue que son intérêt propre ; la démocratie, enfin, est toujours mauvaise car la multitude se révèle incapable d’acquérir et de conserver les vertus, par essences individuelles, de connaissance et de sagesse nécessaires au bon gouvernement.

    A l’idéalisme de son maitre, Aristote, disciple de Platon mais d’esprit fort indépendant, a substitué une conception réaliste qui fait de lui le fondateur de la science politique. Dans sa classification des régimes, Aristote a repris les catégories dégagées par ses prédécesseurs en combinant des critères quantitatifs, fondés sur le nombre de ceux qui exercent le pouvoir, et qualitatifs, en recherchant si le régime présente une forme pure, dérivée ou altérée, selon les gouvernants respectent les lois ou les méprisent. En fonction du nombre, on retrouve chez lui la division tripartite entre royauté (ou monarchie), aristocratie et république. En fonction de la qualité du régime, Aristote distingue la monarchie, forme pure, de la tyrannie, forme dérivée, l’aristocratie de l’oligarchie, la république de la démocratie ou démagogie, forme corrompue de la précédente.

    Aristote a posé enfin les bases de la réflexion constitutionnelle en séparant, au sein de chaque régime, différentes fonctions : la fonction délibérative, exercée par les assemblées, qui consiste à discuter des affaires publiques, la fonction d’exécution, confiée dans les cités démocratiques à des magistrats, la fonction de juger, dévolue pour partie aux magistrats, pour partie aux assemblées populaires. Selon la forme du régime, l’aménagement de ces fonctions est différent, dans une monarchie absolue, toutes sont exercées par le roi ; dans une démocratie absolue, ce sont les assemblées délibératives qui décident de tout. Mais il existe aussi des formes tempérées, réalisant un partage des attributions, idée que reprendra Montesquieu.


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