• Les écoles de pensées partie 4

    L’approche de Keynes

    Keynes (1883-1946) incarnera une rupture, tant par ses méthodes d’analyse économique que par le contenu de ses propositions. Le contexte de ses écrits est celui de la crise économique de 1929 où les recettes libérales traditionnelles s’avèrent incapables d’enrayer la crise. Les politiques économiques mises en oeuvre au début des années 1930 dans la plupart des pays industrialisés conduisent à une déflation et un recul massif de l’activité. La théorie de Keynes est exprimé dans son ouvrage La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936).

    Son œuvre a exercé une influence considérable sur la pensée et politiques économiques contemporaines. L’analyse keynésienne s’oppose à la théorie néo-classique sur des points essentiels: macroéconomique, elle établit d’emblée des relations entre des agrégats au niveau le plus global : le fonctionnement général d’une économie ne peut être déduit de l’agrégation c’est-à-dire de la somme des comportements individuels, il a sa logique propre. Elle privilégie le circuit (approche en terme de flux) contre le marché.

    L'économie est pensée par Keynes comme «économie monétaire de production» (et non plus comme «économie réelle d'échange» ainsi que le proposait la théorie classique). Ce qui entraîne un double constat: d'une part, le rôle déterminant des anticipations des agents économiques – c’est-à-dire des hypothèses, pessimistes ou optimistes, qu'ils formulent pour prendre une décision de dépense, d'investissement, ou d'épargne –, du fait de l'incertitude fondamentale qui caractérise l'environnement économique, dès lors que la monnaie est prise en compte; d'autre part, la préférence des agents pour la liquidité (soit pour les actifs rapidement transformables en instruments de paiement, monnaie ou avoirs sur compte à vue). Keynes distingue en effet, outre les motifs classiques de «transaction» et de «précaution», le motif de «spéculation» – écho de l'incertitude sur le futur de l'environnement économique – pour expliquer l'accroissement de la demande de monnaie.

    Il s’intéresse au partage opéré entre consommation et épargne, mais au lieu d’expliquer l’épargne par le taux d’intérêt, il considère que l’épargne dépend du revenu. Il pose une « loi psychologique fondamentale » selon laquelle plus le revenu est élevé, plus la part de l’épargne est forte. Dès lors, la propension marginale à épargner est plus forte que la propension moyenne. De plus, lorsque le revenu augmente, la théorie du multiplicateur montre comment cette augmentation de revenu produit des ondes de revenus (les revenus sont partiellement dépensés sous forme de consommation et donnent lieu à une nouvelle vague de revenus) dont l’amplitude dépend de la propension à consommer.

    La fonction d'investissement dépend, d'une part, des anticipations des entrepreneurs sur le futur de l'économie et, d'autre part, de l'efficacité marginale du capital, telle que l'apprécient ces mêmes entrepreneurs avec la méthode de l'actualisation qui consiste à ramener l'avenir, soit les recettes que l'on peut attendre d'un investissement, à sa valeur actuelle, c’est-à-dire à son coût initial. La décision d'investissement dépend ainsi de la comparaison entre le taux d'intérêt du marché (le coût de la monnaie liquide nécessaire au financement de l'investissement) et l'efficacité marginale du capital; et son volume, de l'égalisation de ces deux taux. Keynes montre, à la différence des classiques, que l'acte d'épargner et l'acte d'investir sont indépendants, et que le taux d'intérêt du marché, variable purement financière, n'assure pas l'ajustement entre l'épargne et l'investissement, mais égalise seulement l'offre et la demande de monnaie liquide

    L'accroissement de la consommation de l'ensemble des agents économiques passe, avant tout, par une politique de redistribution des revenus en faveur des plus pauvres, dont la propension à consommer est la plus élevée. L'abaissement du taux d'intérêt par des mesures de politique monétaire essentiellement par l'intervention sur le marché monétaire est destiné à réaliser l'«euthanasie des rentiers» et à stimuler l'investissement en abaissant le seuil d'efficacité marginale du capital. Keynes accorde également un rôle important à la dépense publique – les «grands travaux» –, dont le financement peut être assuré par l'emprunt public, c’est-à-dire par le déficit budgétaire


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