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Les democraties pluralistes partie 2
Lexpression de la démocratie
Les caractéristiques du droit de suffrage
Luniversalité
On pourrait penser quon est en présence dun système de suffrage universel lorsque lélectorat ne dépend daucun cens, examen, diplôme ou fonction. Pourtant, le suffrage nest jamais entièrement universel. Lun des paradoxes de la matière est quon ait considéré pendant longtemps le suffrage comme universel alors même que les femmes ne pouvaient voter. Un minimum de maturité, de conscience civique et politique, est indispensable pour pouvoir prétendre à participer aux élections. Aussi dans tous les pays existe-t-il un âge minimum au dessous duquel les enfants et les adolescents ne sont pas électeurs. Les maladies mentales privent certains citoyens de leurs facultés et les législations électorales prévoient quils ne peuvent alors avoir la qualité délecteur.
Les étrangers nont pas en général le droit de vote aux élections politiques. En France, les étrangers peuvent voter aux élections municipales. Les individus qui ont eu maille à partir avec la justice et qui ont été condamnés pour des infractions graves sont souvent privés du droit de vote. Considérés comme de mauvais citoyens ils sont exclus du corps électoral. La liste électorale est un répertoire alphabétique officiel, révisé chaque année par une commission administrative.
Légalité
Selon larticle 3 alinéa 3 de la constitution, « le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la constitution. Il est toujours universel, égal et secret » Il soppose au suffrage multiple et au suffrage plural. Le suffrage multiple est celui qui permet aux électeurs remplissant certaines conditions de voter dans plusieurs circonscriptions lors dune même consultation en vigueur en Grande-Bretagne jusquen 1951. Le suffrage plural est celui qui confère une ou plusieurs voix supplémentaires aux électeurs qui ont un intérêt spécial dans les affaires de lEtat (diplômés, propriétaires, chefs de famille, ).
La liberté
La liberté du vote est assurée par le secret du vote (isoloirs, enveloppes, bulletins nuls). Les bulletins nuls sont des bulletins de votes non conformes aux prescriptions de la loi électorale et qui de ce fait ne sont pas valables. La liberté du vote est aussi assurée par le vote personnel : seule exception : le vote par procuration (disparition depuis 1975 du vote par correspondance). Le vote par procuration est le vote par lintermédiaire dune personne désignée par lélecteur : admis en France pour diverses catégories délecteurs.
Les types de scrutin
Le cadre territorial et la fonction du scrutin
Une circonscription électorale est une portion du territoire dont la population a le droit délire un ou plusieurs représentants. Les circonscriptions électorales peuvent coïncider avec les circonscriptions spéciales. La délimitation des circonscriptions peut aboutir à des inégalités dans la représentation (si les circonscriptions ont un nombre inégal délecteurs) ou donner lieu à des manipulations politiques (découpage favorable à tel parti: système connu aux Etats-Unis sous le nom de « gerrymandering »).
Dans le scrutin direct, lélu est désigné sans intermédiaire par les électeurs. Dans le scrutin indirect, lélu est désigné par des électeurs qui ont eux-mêmes été élus pour procéder à son élection, le suffrage reste universel. Mais ce nest pas le corps électoral dans son ensemble qui choisit son représentant: un collège électoral restreint -qui peut avoir dautres attributions- issu dun premier scrutin choisit à son tour lélu. On dit aussi que lélection est à deux ou à plusieurs degrés (un premier collège électoral en effet peut en designer un deuxième qui lui-même en élira un troisième qui a son tour ..)
Le scrutin majoritaire
Le scrutin majoritaire est le système dans lequel est élu le candidat ou la liste qui obtient la majorité des voix. Le scrutin majoritaire passe par plusieurs techniques qui nont pas les mêmes conséquences. Pour le scrutin majoritaire à un tour, la majorité requise est la majorité relative cest à dire le plus grand nombre de voix. Le scrutin majoritaire à un tour conserve le bipartisme. Pour le scrutin majoritaire à deux tours, majorité requise est la majorité absolue au premier tour (la moitié des voix plus une ). Si aucun candidat nobtient cette majorité un second tour est organisé où la majorité relative suffit pour être élu. Ce type de scrutin tend à la formation de partis multiples.
La représentation proportionnelle
Ce mode de scrutin implique nécessairement un scrutin de liste. Les sièges à pourvoir sont répartis entre les différentes listes en présence, proportionnellement au nombre de suffrages quelles ont recueilli. La première étape du calcul consiste à déterminer ce que lon appelle le quotient électoral qui est le rapport entre les suffrages exprimés et le nombre de sièges à pourvoir: il fixe le nombre de voix nécessaire pour obtenir un siège.
La répartition des voix restantes obéit à lune ou lautre des deux règles suivantes : la méthode du plus fort reste qui, comme le nom lindique, attribue les sièges restants aux listes ayant le plus grand reste de voix non utilisées lors de la première distribution. On classe les listes par nombre de voix restantes. On attribue un siège par ordre décroissant jusquà épuisement.
Plus complexe, la méthode de la forte moyenne consiste à diviser le nombre de voix de chaque liste par le nombre de sièges obtenus au titre de la distribution réalisée selon le quotient électoral augmenté dun et de procéder par autant détapes quil y a de sièges restants. On calcule la moyenne des voix par siège pour chaque liste en ajoutant un siège fictif à chaque liste. On attribue un siège jusquà épuisement.
Les systèmes mixtes
La loi sur les apparentements (1951) est un scrutin de listes, départemental, à un tour. Les listes peuvent sapparenter si elles sont présentes dans au moins 30 départements. Si un apparentement obtient la majorité absolue, il emporte tous les sièges à pourvoir. Ils seront répartis entre les listes de lapparentement à la proportionnelle. Si aucune liste nobtient la majorité absolue, la répartition des sièges se fait à la proportionnelle.
La loi du 19 novembre 1982 a introduit ce nouveau mode de scrutin que lon peut qualifier de mixte, puisquil combine le scrutin majoritaire et la représentation proportionnelle. Les listes de candidats doivent être complètes. Elles doivent comporter un nombre égal de candidats de chaque sexe, au sein de chaque groupe entier de six candidats. Au premier tour, la liste qui a recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés obtient un nombre de sièges au moins égal à la moitié du nombre de sièges à pourvoir : les autres sièges sont répartis entre toutes les listes (y compris celle arrivée en tête), ayant obtenu au minimum 5% des suffrages exprimés, selon la règle de la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne.
Au deuxième tour, si aucune liste na obtenu la majorité absolue, un deuxième tour est organisé. Peuvent se présenter les listes qui au premier tour ont réuni au moins 10 % des suffrages exprimés. Toutefois, des listes peuvent fusionner à condition davoir rassemblé au moins 5 % des suffrages exprimés. La liste qui recueille la majorité relative obtient la moitié des sièges, les autres sièges sont répartis selon la règle de la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne entre toutes les listes en écartant celles qui nont pas obtenu plus de 5 % des suffrages exprimés. Ce mode de scrutin permet de représenter les oppositions municipales au sein du Conseil, ce qui nétait pas le cas auparavant. Dans le même temps, le maire est assuré de disposer dune majorité et même plus au sein du conseil. Ce mode de scrutin cumule donc les avantages de la proportionnelle et du scrutin majoritaire : la justice et lefficacité.
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