• II)La montée des tensions (1945-1954)

       1)Le nationalisme algérien

    Le nationalisme algérien est né dans l’entre-deux guerres et emprunte ses techniques et ses dénominations au modèle démocratique français. Il part même de France où les émigrés musulmans montent en 1926 le journal antifrançais et d’expression française L’Etoile Nord-Africaine, dirigé par Messali Hadj un des futurs chefs de l’insurrection après 1945. Ce n’est qu’en 1936 que le mouvement s’implante en Algérie. Messali Hadj fonde en 1937 le « Parti du Peuple Algérien » (PPA), qui est interdit en 1939. Messali Hadj est condamné en 1941 aux travaux forcés. Homme respecté, il s’opposera toujours au FLN et n’obtiendra la nationalité algérienne qu’en 1965 sans pour autant être reconnu par les autorités d’Alger comme l’un des grands acteurs du nationalisme algérien. Le « Parti Communiste Algérien » (PCA) lié à son équivalent français est notoirement anticolonialiste.

       2)Le nationalisme islamique

    Parallèlement, un nationalisme islamique est fondé par treize docteurs en théologie (1931) qui essaie de s’implanter à partir d’écoles primaires privées et religieuses. Ces écoles finissent par regrouper 40 000 élèves en 1954. Dès 1936, leur refus de l’intégration à la française se lit dans une déclaration : « Cette population musulmane (d’Algérie) n’est pas la France, elle ne peut pas être de la France, elle ne veut pas être de la France ». La défaite de 1940 ruine le prestige de la France, mais il n’y pas de révolte contre l’autorité vichyste puis gaulliste. De Gaulle promet en 1944 de donner aux musulmans les mêmes droits et devoirs que les français. Une lutte d’influence oppose alors Ferhat Abbas, un progressiste, et Messali Hadj, plus radical et qui demande l’autonomie. La déportation de Messali Hadj le 25 avril 1945 porte au rouge les revendications nationalistes.

       3)Emeutes et répression

    Le 8 mai 1945 est l’occasion d’émeutes dans le Constantinois en particulier à Sétif : 103 européens sont massacrés le plus souvent de façon mutilatoire, modus operandi qui se retrouvera après 1954 et même dans la guerre civile algérienne. La répression militaire française est dure face à 50 000 émeutiers. Il y a près de 1 500 exécutions, mais les nationalistes estiment à 5 000 les victimes de la répression. Cette flambée profite à Ferhat Abbas qui crée l’ « Union Démocratique du Manifeste Algérien » (UDMA). Les radicaux se reconstituent dans le « Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques » (MTLD) qui obtiennent une victoire aux municipales de 1947. L’année 1947 est celle du Statut de l’Algérie qui mécontente tout le monde. Il crée une assemblée de deux collèges (européens et musulmans) en réalité contrôlés par l’administration du gouverneur général. Le 9 décembre 1947, sous l’égide de la Ligue Arabe a lieu au Caire la création d’un Comité de Libération du Maghreb Arabe. Mais ce comité disparait dans les impératifs nationaux bien qu’une certaine solidarité se manifestera pendant la période des luttes anticoloniales.

       4)Les mouvements d’indépendance

    Le MTLD dirigé depuis son lieu d’assignation à résidence par Messali Hadj est victime de ses dissensions internes. Messali Hadj crée un autre parti le « Mouvement National Algérien » (MNA). Issus du MTLD, ce sont 9 chefs historiques messalistes qui regroupés depuis juillet 1954 dans le « Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action » (CRUE) déclenchent finalement l’insurrection. Les détails militaires de l’insurrection sont laissés à « l’Armée de Libération Nationale » (ALN). Parallèlement est formée au Caire la structure politique permanente du mouvement : le « Front de Libération Nationale » (FLN), mouvement nationaliste et marxiste algérien. D’après les propos postérieurs d’Ahmed Ben Bella, un des chefs historiques du mouvement, le but de l’insurrection est de produire « un divorce, une rupture avec la France ».


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :