• Introduction historique  
     
    La trame chronologique
     
    La Révolution française s'est achevée sur un coup d'État militaire, les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 nov. 1799). La Constitution de 1795, qui fondait le Directoire, ayant fait faillite, il importait de la modifier. Regroupé autour de Sieyès, un parti révisionniste souhaite un renforcement du pouvoir exécutif et l'établissement d'un système où « la confiance viendrait d'en bas et l'autorité d'en haut ». Mais cette réforme n'est possible que par un coup d'État. L'article 338 de la Constitution prévoit en effet de trop longs délais pour une réunion constitutionnelle. Élu directeur en mai 1799, Sieyès cherche un général. Il songe à Joubert, mais celui-ci est tué à la bataille de Novi. Le retour d'Égypte de Bonaparte lui fournit « le sabre » nécessaire à ses desseins. Le complot, où entrent un autre directeur, Roger Ducos, les ministres Cambacérès et Fouché, la plupart des généraux présents à Paris, Talleyrand, la majorité des membres du Conseil des Anciens et le président du Conseil des Cinq-Cents Lucien Bonaparte, souhaite prendre pour prétexte une menace anarchiste.
     
    Les Jacobins vainqueurs des élections de l'an VII ont en effet imposé un certain nombre de mesures qui inquiètent les possédants. Le plan est le suivant : obtenir la démission des directeurs de manière à créer une vacance du pouvoir exécutif ; faire nommer par les deux Conseils trois consuls provisoires chargés de réviser la Constitution. L'appui de l'armée doit décourager les Jacobins. Pour éviter un éventuel mouvement des
    faubourgs et pouvoir faire plus facilement pression sur les Conseils, on décide de faire voter par les Anciens le transfert des Assemblées hors de la capitale, au château de Saint-Cloud. La première partie du plan est exécutée sans difficulté. Le 18 brumaire, les Anciens votent, en raison de la découverte d'une prétendue conspiration, le transfert des Conseils à Saint-Cloud et confient à Bonaparte le commandement des troupes de
    Paris. Sieyès et Roger Ducos donnent leur démission ; convaincu par Talleyrand, Barras les imite. Les deux autres directeurs, Gohier et Moulin sont retenus au Luxembourg par Moreau. Il n'y a plus de gouvernement. Reste à faire investir du pouvoir les trois consuls. Mais la seconde partie du plan rencontre des difficultés.  
     
    Les Cinq-Cents, de tendance jacobine, s'inquiètent de la raison d'une convocation hors de Paris et de la présence de nombreuses troupes à Saint-Cloud. Déjà aux Anciens Bonaparte présente des explications embarrassées. Au Conseil des Cinq-Cents, il est accueilli par des huées et perd son sang-froid. Son frère le sauve de la mise hors la loi en déposant ses insignes de président sur le bureau et en faisant appel aux grenadiers. Murat et Leclerc expulsent les députés. A la nuit tombante on rassemble les Anciens et quelques députés des Cinq-Cents ralliés aux conjurés. Ils votent la suppression du Directoire et la nomination de trois consuls provisoires, Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos, chargés, avec deux commissions de vingt-cinq membres, de remanier la Constitution, selon le plan élaboré par les conjurés. Mais l'opération parlementaire
    envisagée par Sieyès a échoué. L'intervention brutale de l'armée, prévue initialement comme simple moyen d'intimidation, fait de Bonaparte l'arbitre de la si tuation. Le coup d'État de Brumaire ouvre la voie au despotisme militaire annoncé par Robespierre dans son discours testament du 8 thermidor.  
     
    En août 1802, le Consulat est modifié par la Constitution de l'an X : le Premier consul devient consul à vie. Son pouvoir s'accroît, son Conseil privé rogne sur les responsabilités du Conseil d'État. Le Tribunat, foyer d'opposition, voit le nombre de ses députés réduit et ne se réunit plus que par sections. Le Corps législatif n'a plus de sessions régulières. Des collèges électoraux composés des 600 plus gros contribuables de chaque département remplacent les listes de notabilités. Le Premier consul, qui reçoit le droit de nommer son successeur, s'entoure d'une véritable cour. Il est « roi sans couronne ». Le sénatus-consulte organique du 28 floréal (18 mai 1804), plébiscité par 3 500 000 oui contre 2 500 non, « confie le gouvernement de la République à un empereur héréditaire, Napoléon Bonaparte », et à sa descendance directe, de mâle en mâle, avec faculté d'adoption et héritage éventuel des frères Joseph et Louis.
     
    L'invasion du territoire français par les troupes de l'Autriche, de la Prusse, de la Russie, de la Suède au nord et à l'est et de l'Angleterre dans le Midi précipita la chute de Napoléon, malgré ses admirables mais inutiles opérations de janvier-mars 1814. Contraint d'abdiquer, Napoléon reçut, au traité de Fontainebleau, la souveraineté de l'île d'Elbe. Si Louis XVIII est assez habile pour « octroyer » une charte libérale qui reconnaît les acquis de la Révolution, les émigrés de retour choquent les Français par leur volonté de revanche. Napoléon sait ce retournement de l'opinion et la désunion installée dans le camp des vainqueurs. Avec une petite troupe, il débarque le 1er mars 1815 à Golfe Juan. Il est à Paris le 20 mars, sans avoir fait tirer un coup de feu, l'armée se ralliant et les populations ouvrières acclamant en lui l'héritier de la Révolution. Le 18 juin 1815, il livre bataille sur la route de Bruxelles aux troupes de Wellington. A Paris, Fouché, la Chambre des représentants et les notables le forcent à une nouvelle abdication, le 22 juin. Napoléon demande l'asile aux Britanniques, mais ceux-ci le déportent à l'île de Sainte-Hélène. Il y mourra le 5 mai 1821.
     
    Données économiques et sociales
     
     
    L 'indispensable redressement financier fait naître une autre hiérarchie de fonctionnaires pour remédier aux abus des fermes et autres modes de perception : des directeurs et contrôleurs des contributions sont établis pour la répartition de l'impôt, des receveurs et des percepteurs pour son recouvrement. Gavidin, grand maître des finances, restaure le crédit et rétablit l'équilibre budgétaire. Il s'agissait surtout d'avoir un établissement
    bancaire dont les billets échappent au souvenir fâcheux des assignats. La Banque de France, créée en février 1800, est d'abord un établissement privé, mais contrôlé par l'État : elle est autorisée à émettre un papier-monnaie accepté pour sa valeur intégrale par les caisses publiques. Quant au retour à la monnaie de cuivre, d'argent et d'or, il est à l'origine de la prestigieuse vitalité du franc germinal.
     
    Les notables sont les intermédiaires entre Napoléon et le peuple. Dans celui-ci les conditions de vie et le niveau de fortune sont divers. A la campagne, le gros fermier enrichi par la guerre et l'acquisition des biens nationaux, calque parfois son mode de vie sur celui des citadins et envoie son fils au lycée. Le nombre des propriétaires ruraux s'est élevé de 4 millions en 1789 à 7 millions en 1810. Les journaliers ou les
    domestiques, grâce à la conscription qui allège le poids des jeunes, trouvent plus facilement que jadis du travail. Religieux parfois jusqu'à la superstition, les paysans forment une classe docile, au dire des préfets, qui se plaignent néanmoins de leur grossièreté et du penchant de certains pour « la bouteille ».  
     
    Dans les villes — Paris compte 500 000 habitants, Marseille et Lyon 100 000, Bordeaux 90 000 — le petit patron d'un atelier, d'une échoppe ou d'une boutique travaille, mange, dort sous le même toit que son compagnon. Là aussi, les habitudes de contester, issues de 1789, n'ont pas entièrement disparu. Malgré la loi, on fait parfois grève, mais la plupart du temps le « pain du despotisme » n'est pas cher, et chacun l'a sur sa table. Là aussi les besoins de l'armée ont raréfié la main d‘œuvre, ce qui a permis une diminution du chômage et une augmentation des salaires. Quelques compagnons parviennent à gravir l'échelle sociale. Des ouvriers qualifiés réussissent à s'établir à leur compte. Quant aux autres, une fois accompli le tour de France, où ils apprennent leur métier dans les différentes villes, le mieux qu'ils puissent espérer est de s'unir à la fille d'un patron. Ces salariés de l'atelier ou ces ouvriers d'usine sont regardés comme  « dangereux » par les autorités, qui les traitent en mineurs: ils doivent posséder un livret d'ouvrier, déposé chez le patron et montré à chaque réquisition du gendarme ; les coalitions sont interdites.
     
    Les traces mémorielles
     
    Il n'est pas de figure plus populaire dans l'histoire universelle que celle de Napoléon. Une bibliographie exhaustive des écrits qui lui ont été consacrés serait aujourd'hui impossible. A l'origine de cette logorrhée : la passion. Adulation et haine se disputent le personnage. Pour prouver que Napoléon était étranger, Chateaubriand falsifie l'histoire en le faisant naître un an plus tôt, le 15 août 1768, juste avant l'annexion de la Corse par la France. De son côté, l'article « Bonaparte » du Grand Dictionnaire universel de Pierre Larousse le fait mourir à Saint-Cloud le 18 brumaire. En revanche, il serait facile d'énumérer les témoignages d'idolâtrie que suscite encore l'Empereur de nos jours. Vers 1840, Louis Geoffroy, dans un beau livre méconnu, Napoléon apocryphe, imaginait que son héros, loin d'être vaincu en Russie, réussissait la conquête du monde et fondait la monarchie universelle. C'est que ce prodigieux rêveur a su faire rêver à son tour écrivains et hommes d'État, grands capitaines et artistes. Là réside peut-être le secret de sa popularité. Le génie de Napoléon est d'avoir compris très tôt l'importance de la propagande et la nécessité de se créer une légende.  
     
    Dès la campagne d'Italie, le 20 juillet 1797, il fonde son propre journal sous le titre de Courrier de l'armée d'Italie. Largement diffusée en France, cette feuille exalte les exploits d'un général jusqu'alors inconnu. Comment n'aurait-elle pas été amplifiée sous l'Empire? Le personnage est créé : simplicité du costume (la redingote grise et le petit chapeau), familiarité avec l'homme de troupe (« le petit tondu »), puissance de travail
    surhumaine. Cette image est répandue par la gravure et le journal. La propagande a volontairement noirci le tableau de la situation de la France sous le Directoire : un pays dévasté par la guerre et le brigandage, une industrie ruinée, un commerce paralysé, des finances en détresse, des déserteurs par milliers, des hôpitaux où l'on mourait faute de soins, une nation démoralisée. De la littérature à l'architecture, de la musique à la
    peinture, tout vise à glorifier Napoléon destiné à entrer vivant dans la légende.  Bonaparte s'allie David, qui crée pour lui une iconographie impériale à grand spectacle ; de 1805 à 1807, il peint le Sacre , « tableau-portrait », apogée de la peinture commémorative, qui constitue au niveau formel un unique exemple de l'union entre le détail et l'ensemble. Il peint dans la même veine la Remise des aigles et le prophétique Léonidas aux Thermopyles.
     
    Défait à Waterloo, l'empereur abdique le 22 juin 1815. Il gagne Rochefort et se rend aux Anglais, qui le déportent à Sainte-Hélène. Mais la légende napoléonienne n'attendra pas sa mort, survenue le 5 mai 1821, pour prendre corps. Dès les premiers temps de la Restauration, tandis que la France vit des heures d'humiliation nationale et de difficultés économiques, le mythe se nourrit du souvenir des grandes victoires militaires et de l'âge d'or des hauts salaires et du bas prix du pain en vigueur sous le Premier Empire. Très
    vite, on se réfère au Mémorial de Sainte-Hélène, de Las Cases, paru en 1823, qui est un énorme succès de librairie. Las Cases y rapporte les propos de Napoléon à Sainte-Hélène. Habilement, celui-ci s'y pose en défenseur des conquêtes révolutionnaires et en libérateur de l'Europe. Il se fait ainsi le promoteur des deux idées maîtresses du XIXe siècle : le libéralisme et le nationalisme. Prisonnier de la Sainte-Alliance, il réussit le
    tour de force de devenir le champion des peuples opprimés. Républicains et libéraux, mais aussi vétérans de la Grande Armée et gens du peuple cultivent alors avec ferveur le mythe du « Petit Caporal ».
     
    La monarchie de Juillet va tenter de récupérer à son profit le mythe napoléonien, d'autant plus que la mort du fils de Napoléon et de Marie-Louise d'Autriche, le duc de Reichstadt, la délivre dès 1832 du souci d'une restauration dynastique. Au soir de sa vie, Napoléon feint de s'interroger sur son œuvre: « Sur quoi pourrait-on m'attaquer qu'un historien ne puisse me défendre? » Pourtant, l'homme d'exception qui a marqué l'histoire tout en prenant soin de construire sa propre légende suscite toujours des débats passionnés. Comment dissocier le sauveur de la Révolution du despote? Comment faire la part entre le stratège militaire et l'« Ogre » méprisant les souffrances endurées par son armée et par son peuple? Comment distinguer, derrière le rêve
    prémonitoire d'une Europe affranchie de l'ordre ancien, la mise en coupe réglée des nations opprimées? Si la perplexité est de mise, elle ne diminue en rien le caractère épique d'une aventure dont le héros fascine jusqu'à en perpétuer le mythe dans la mémoire collective contemporaine.


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    Les autres reformes révolutionnaires
     
    Les reformes financières et fiscales
     
    Un embryon de budget
     
    Selon l’article 14 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée ». Le budget ou loi de finances doit être détaillé ministère par ministère, doit couvrir une période d’une année pour que le
    contrôle par les députés soit fréquent. En début d’année, une première loi de finances autorise pour l’année à venir les dépenses et les recettes. En fin d’année, une seconde loi de finances vérifie le respect de la première loi de finances. Ce système mis en place en théorie ne sera pas respecter à cause de la situation de guerre. Il faudra attendre la restauration pour que le contrôle fonctionne réellement.      
     
    Une nouvelle fiscalité
     
    La Révolution française commença avec la réunion des états généraux convoqués pour tenter de régler les problèmes financiers (5 mai 1789). Selon l’article 13 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés ». Les impôts
    indirects furent supprimés. En octobre 1789, on créa une contribution patriotique, décrétée naïvement facultative, qu'il fallut rendre obligatoire.  
     
    Cette contribution était très forte : les citoyens possédant plus de 400 livres de revenus devaient en verser le quart. L'établissement des rôles d'imposition fut long et, entre-temps, l'État tenta de résoudre ses problèmes de trésorerie en liquidant les biens nationaux et en fabriquant des assignats. L'Assemblée constituante mit sur pied un système d'impôts directs reposant sur trois contributions : contribution foncière frappant les revenus de la terre, contribution mobilière frappant les revenus industriels et les rentes, patente pour les commerçants. Quant aux impôts indirects abolis, on en rétablit quelques-uns : droits de timbre, d'enregistrement.
     
    Des ressources extraordinaires
     
    La question des biens nationaux a donc été essentielle pendant la Révolution et, jusque vers 1850, elle est restée brûlante et a fait l'objet de violentes controverses. Au départ, il y avait en 1789 une grave crise des finances publiques. L’assemblée constituante vota, le 2 novembre 1789, la « mise à la disposition » de l'État des biens du clergé. Il ne s'agissait pas d'une confiscation pure et simple, car la loi imposait à l'État de pourvoir
    aux frais du culte, à l'entretien du clergé et à la charité publique. L'Assemblée constituante décida donc, en avril 1790, d'émettre un véritable papier monnaie ayant cours obligatoire, l'assignat, remboursable en biens nationaux mais évalué en monnaie métallique. Le papier monnaie se déprécia très vite. En 1796, l'inflation devint telle que les assignats furent remplacés par des mandats territoriaux dépréciés et démonétisés dès 1797. Il faudra attendre l’empire pour l’assainissement des finances publiques.   
     
    Les reformes économiques et sociales

     
    L’égalité civile
     
    La nuit du 4 août 1789 est la nuit où l'Assemblée nationale constituante vota l'abrogation des derniers privilèges de la noblesse et du clergé (séance du 4 août, 18 heures, au 5 août, 2 heures). Cette séance, qui se tint dans la célèbre salle du Jeu de paume, est un des événements fondateurs de la Révolution française. Fut ainsi votée la suppression des juridictions seigneuriales, du droit de chasse, du droit de mainmorte (qui autorisait un seigneur à s'accaparer les biens d'un serf à sa mort), des corvées obligatoires et de tous les privilèges locaux. Désormais, chaque citoyen devenait égal devant l'impôt et devait pouvoir accéder aux emplois publics en l'absence de conditions autres que le mérite.  
     
    En réalité les décrets des 5 et 11 août n'abolissent que les servitudes personnelles, les corvées et le droit de chasse, tandis que les droits réels pesant sur la terre ne sont déclarés que rachetables à un taux onéreux. L'abolition de la vénalité des offices s'accompagne d'une indemnisation qui permet aux anciens titulaires de réinvestir l'argent dans l'achat de biens nationaux. Quant aux corporations, l'article 10 du décret du 11 août se borne à leur interdire de nommer des représentants particuliers pour défendre leurs intérêts devant la municipalité. Elles ne disparaîtront qu'avec la loi d'Allarde, le 2 mars 1791. La nuit du 4 août doit être ramenée, en dépit de son retentissement, à de plus modestes proportions, car elle a eu surtout pour but de calmer les jacqueries qui menaçaient les intérêts de la bourgeoisie autant que ceux des nobles. Elle n'en a pas moins consacré l'abolition du régime féodal et des privilèges.
     
    Le libéralisme économique
     
    Le décret d'Allarde datant du 2 mars et 17 mars 1791 supprime les corporations. Les corporations étaient des associations de personnes exerçant le même métier, l'âge d'or des corporations date du Moyen Âge et la corporation la plus emblématique est celle des bateliers de Paris. Une dizaine d’années auparavant Turgot initiait le mouvement vers une économie plus libre en proposant un édit, qui prévoyait de supprimer les
    corvées, les maîtrises et les jurandes. Mais son édit est rejeté et il est disgracié le 13 mai 1776. Ce n’est donc que 15 ans après que cette réforme aboutit. Ce décret proclame ainsi le principe de liberté de commerce et d'industrie. Cela implique que, sous réserve du respect de l'ordre public institué par la loi, l'exercice des professions est désormais libre. Il peut toutefois, dans certains cas, être soumis à déclaration.
     
    La Loi Le Chapelier, promulguée en France le 17 juin 1791, est une loi proscrivant les coalitions notamment les corporations, mais également les rassemblements paysans et ouvriers ainsi que le compagnonnage. Cette loi suit de très près le décret d'Allarde du 2 mars 1791, tant dans ses objectifs que par leur proximité historique. Elle interdisait donc de fait les grèves et la constitution des syndicats. Supprimant toutes communautés
    d'exercice collectif des professions, la loi Le Chapelier eut pour effet de détruire les guildes, corporations et groupement d'intérêts particuliers, détruisant du même coup les usages et coutumes de ces corps. La Loi Le Chapelier a été abrogée en deux temps le 25 mai 1864 par la loi Ollivier, qui abolit le délit de coalition, et le 21 mars 1884 par la loi Waldeck-Rousseau, qui légalise les syndicats.  
     
    Les reformes religieuses

     
    L’ancien régime
     
    Le concordat de 1516, signé à Bologne entre le pape Léon X et le roi François Ier, remplaça la pragmatique sanction de Bourges par laquelle, en 1438, le roi de France Charles VII avait unilatéralement fixé le mode d'élection des évêques et dignitaires ecclésiastiques, réduit les droits de la fiscalité papale en France, et surtout professé le principe de la supériorité des conciles œcuméniques sur le pape. Rome n'accepta jamais
    ce règlement et ne cessa d'en demander la suppression. Elle l'obtint en 1516. Le pape reconnut au roi la nomination des évêques, l'institution canonique, c’est-à-dire le droit pour l'évêque nommé de se faire sacrer et d'avoir juridiction dans son diocèse, étant conférée par Rome. Le roi reconnut au pape le droit de lever les annates, taxe égale à une année de revenus et due à Rome par chaque nouveau titulaire de bénéfice. Surtout,
    la royauté française abandonnait ses prétentions d'opposer l'autorité des conciles au pouvoir du pape. Pour cette raison le concordat fut critiqué par la faculté de théologie de Paris – la Sorbonne – et par les parlements. Mais le roi l'imposa et, malgré quelques crises, il fut exécuté jusqu'en 1789.
     
    La subordination de l’église à l’Etat
     
    Par 568 voix contre 346, l'Assemblée constituante décrète sur la proposition de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, que les biens du clergé seront mis à la disposition de la Nation pour combler le déficit budgétaire. Celle-ci prendra à sa charge les frais de culte, paiera un salaire à ses ministres (les prêtres). Les curés recevront 1200 livres par an, alors que ceux -la majorité- qui étaient réduits à la « portion congrue » ne touchaient que 750 livres, pourvoir à l'entretien des hôpitaux et au soulagement des pauvres. Cette décision qui semblait simple et logique est à l'origine de multiples difficultés que va rencontrer la France révolutionnaire. La constitution civile du clergé du 12 juillet 1790 voté par l'Assemblée nationale constituante, devait remplacer le Concordat de 1516. Les abbayes et couvents étaient destinés à disparaître, puisque, par la loi du 13 février 1790, les vœux monastiques étaient abolis et les ordres réguliers hors éducation et œuvres de charité, « sans charge d'âme », étaient considérés comme « inutiles ».
     
    Le projet de constitution civile du clergé proprement dit, qui fut adopté par la Constituante le 12 juillet 1790, comportait les mesures suivantes : Les anciennes institutions sont supprimées : les chapitres cathédraux sont supprimés, ainsi que les bénéfices « sans charge d'âme ». Les diocèses et paroisses sont profondément remaniés, sur la base d'un diocèse par département, et d'une restructuration projetée des paroisses (on passe de 130 diocèses environ à 83). Les diocèses sont regroupés en 10 métropoles (sièges à Paris, Rouen, Reims, Besançon, Lyon, Aix, Toulouse, Bordeaux, Rennes et Bourges,). Les évêques et les prêtres sont élus par les fidèles, constitués en corps électoraux locaux. Les évêques s'entourent de vicaires épiscopaux, Les ecclésiastiques — évêques et curés — étaient rétribués par l'État. Tous les religieux (évêques, prêtres, moines, moniales) avaient des droits civiques qui les autorisaient à quitter leurs postes ou leurs communautés monastiques. Le décret d'application passa en novembre 1790. Le roi dut le signer le 26 décembre 1790. Le serment devait être prêté 8 jours après, soit le 4 janvier.   
     
    Le 4 janvier 1791, les députés du clergé réunis à l'Assemblée durent prêter serment, souvent sous la pression des tribunes. 80 évêques refusèrent le serment. Le 7 janvier, commencèrent les serments dans les provinces. Ils furent échelonnés tous les dimanches de janvier et février 1791, à des dates différentes selon les diocèses. La quasi-totalité des évêques et la moitié des curés les refusèrent. La France fut ainsi divisée en deux clergés : les prêtres constitutionnels, et les prêtres réfractaires. Le pape Pie VI fit connaître sa réponse officielle par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791, et Caritas du 13 avril 1791. Il s'opposait sur certains points à la Constitution civile du clergé qu'il considérait comme hérétique, sacrilège, et schismatique. Il demandait aux
    membres du clergé n'ayant pas encore prêté serment de ne pas le faire, et à ceux qui avaient déjà prêté serment, de se rétracter. Les prêtres ayant été mis dans l'embarras dans la conduite à tenir par rapport au serment, il y eut un schisme au sein de l'Église de France entre prêtres constitutionnels, et prêtres réfractaires, mais aussi rupture entre la Révolution et l'Église catholique.
     
    Déchristianisation et persécutions     
     
    La déchristianisation est une politique qui, pendant la Révolution française, a pour but de supprimer le christianisme de la vie quotidienne en France : prêtres déportés ou assassinés, religieux contraint à abjurer leurs vœux, croix et images pieuses détruites, fêtes religieuses interdites, agendas supprimés, et interdiction du culte publique et privé. Le 29 novembre 1791, un décret exigea des prêtres réfractaires un serment civique, et
    donna aux administrateurs locaux la possibilité de les déporter de leur domicile en cas de trouble. Des mesures de déchristianisation se poursuivirent en France en 1793 et 1794, avec le développement du culte de la Raison et de l'Être suprême, et la fermeture des églises catholiques au culte du 31 mai 1793 jusque vers novembre 1794 Les prêtres réfractaires furent l'objet d'une sévère répression, notamment sous la Terreur, et furent
    confondus à cette période avec les prêtres constitutionnels, assermentés ou jureurs.
     
    Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, fut créé pendant la Révolution française et fut utilisé de 1789 à 1805. C’est le 20 septembre 1793 que Charles Gilbert Romme, rapporteur du groupe de travail nommé par le Comité d'Instruction publique, présente devant la Convention (le Comité lui-même ayant eu droit à une présentation six jours auparavant) ce qui deviendra bientôt le calendrier républicain. Après certains ajustements, il entra en vigueur à partir du lendemain du décret de la Convention Nationale du 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793). La Révolution ayant fait de la France un état laïque, ce calendrier avait pour but de se séparer du calendrier grégorien étroitement lié au christianisme. L'année du calendrier
    républicain était découpée en douze mois de trente jours chacun (= 360 jours), plus cinq à six jours (selon les années) ajoutés en fin d'année pour qu'elle reste alignée avec l'année tropique (~365¼ jours). Chaque mois était découpé en trois décades de dix jours. La journée est découpée suivant le système décimal : « de minuit et minuit », elle comporte dix heures découpées en dix parties elles-mêmes décomposables en dix parties, ainsi de suite « jusqu’à la plus petite portion commensurable de la durée ». Chaque nom de mois rappelle un aspect du climat français (décembre, nivôse, la neige), des moments importants de la vie paysanne (septembre, vendémiaire, les vendanges). Le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), Napoléon abrogea le calendrier républicain et instaura le retour au calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806.  
     
    Le culte de la Raison, le culte de l'Être Suprême, ou le théophilanthropisme sont, en France, un ensemble d'événements et fêtes civiques et religieux qui eurent lieu de fin 1792 à 1794 (surtout les ans II et III de la Révolution), souvent à l'instigation de personnalités anti-catholiques. Philosophiquement, ces cultes de la Raison et de l'Être suprême procèdent du syncrétisme des Lumières, du déisme de Voltaire, et surtout des
    idées de Rousseau dont s'inspirait Robespierre. Ces cultes se voulaient une expression des idéaux des Lumières : liberté (d'expression, de pensée, etc.), égalité. Une nouvelle Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen fut mise en place en 1793, par rapport à celle de 1789 ; les lieux de culte furent fermés à partir de mai 1793. Un décret du 18 floréal an II (7 mai 1794), adopté par la Convention montagnarde sur un rapport de
    Robespierre (Comité de salut public) instituait un calendrier de fêtes républicaines marquant les valeurs dont se réclamait la République et se substituant aux fêtes catholiques. En outre, elle établissait le culte à l'Être Suprême, qui se juxtaposait au culte de la Raison. Le culte de l'Être Suprême était un culte déiste, influencé par la pensée des philosophes du Siècle des Lumières, et consistait en une « religion » qui n’interagissait pas avec le monde et n’intervenait pas dans la destinée des hommes.  
     
    Le « culte » de l'Être suprême se traduisait par une série de fêtes civiques, destinées à réunir périodiquement les citoyens et à « refonder » la Cité autour de l’idée divine, mais surtout à promouvoir des valeurs surtout sociales et abstraites comme l’Amitié, la Fraternité, le Genre Humain, l’Enfance, la Jeunesse ou le Bonheur. La fête de l'Être suprême est célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794). Ce jour-là, des Tuileries au Champ-de-Mars, la musique de François-Joseph Gossec et d'Étienne Nicolas Méhul rythment la marche. Robespierre précède les députés de la Convention dont il est le président. Il avance seul, et pour la circonstance il a revêtu un habit bleu céleste serré d'une écharpe tricolore. Il tient un bouquet de fleurs et d'épis à la main. La foule
    immense, venue communier aussi à ce grand spectacle, est ordonnancée par Jacques-Louis David. Devant la statue de la Sagesse, Robespierre met le feu aux mannequins qui symbolisent l'Athéisme, l'Ambition, l'Égoïsme et la fausse Simplicité. Dans la troupe des députés, pendant la cérémonie, on se moque, on bavarde, on refuse de marcher au pas. Malgré l'impression profonde produite par cette fête, le culte de l'Être suprême fut loin de créer l'unité morale entre les révolutionnaires et devait même susciter, peu après son instauration, une crise politique au sein du gouvernement révolutionnaire.
     
    La séparation de l’Eglise et de l’Etat  
     
    Dans la longue histoire dont la liberté du culte a été le terme, la Révolution française a marqué une étape décisive, bien que la Déclaration des droits - selon laquelle « nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses » - s'abstienne d'en tirer quelque conséquence pour la liberté du culte, dont elle ne dit mot. En fait, la Révolution française prohibe le culte catholique qui ne serait pas célébré par un prêtre assermenté, et n'autorise que celui de l'Église constitutionnelle, jusqu'à ce que la séparation décrétée en 1795 par la Convention étende à cette Église les rigueurs de la persécution religieuse. C'est Bonaparte qui donne un fondement durable à la liberté des cultes, en prenant l'initiative de publier des Articles organiques, qui interprètent le Concordat, et surtout en en étendant l'application aux cultes protestants. En 1814, la Charte confirme le régime existant. Il en ira ainsi, avec des vicissitudes diverses, jusqu'au vote, en France, de la loi de séparation des Églises et de l'État (1905), qui supprime tout lien entre la puissance publique et la religion.   
     
    Les reformes scolaires et universitaires

     
    L’enseignement primaire
     
    La Constitution du 3 septembre 1791 prévoit dans son Titre I : « Il sera créé et organisé une Instruction publique commune à tous les citoyens, gratuite à l’égard des parties d’enseignement indispensables pour tous les hommes et dont les établissements seront distribués graduellement, dans un rapport combiné avec la division du royaume ». Avec la loi Bouquier (décembre 1793), la Convention déclare que l’instruction est gratuite et obligatoire pour tout enfant de 6 à 8 ans. Avec le décret Lakanal (1794), l’instruction n’est plus obligatoire. Le décret garantit, en outre, la liberté d’enseigner et institue une école pour 1000 habitants. La loi Daunou (du nom de son inspirateur Pierre Daunou) est une loi sur l'instruction publique adoptée par la
    Convention le 3 brumaire an IV (5 octobre 1795).  
     
    Résultat des travaux du comité d'instruction publique, elle reprend en partie des dispositions législatives déjà adoptées par la Révolution, mais sur certains points elle les  complète ou les contredit. La loi revient sur l'obligation scolaire, qui avait été prévue par la loi Bouquier du 29 frimaire an II. Elle refuse également la gratuité en instaurant une rétribution scolaire qui doit être payée par les familles des élèves, sauf un quart
    d'entre eux au maximum par municipalité qui sont considérés comme indigents. Les instituteurs se voient confier un local pour la classe et le logement, mais sont payés par le produit de la rétribution. La loi prévoit une école par canton au moins, le canton étant vu à l'époque comme l'administration territoriale de base. Les programmes du primaire se limitent à la lecture, l'écriture, le calcul et la morale républicaine.
     
    Les autres reformes
     
    Concernant l’enseignement secondaire, la convention thermidorienne et le directoire en ont vu le moyen des formations des élites. Un projet voté le 25 février 1795 a permis la création d’établissements du second degré pour l’enseignement des sciences, des lettres et des arts sur l’ensemble du territoire. Ces établissement du second degré appelé école centrale sont l’ancêtre des lycées actuelles. Au départ, une école centrale était instituée pour 300 000 habillements puis finalement une école était institué par département. Fin 1796 une école centrale était instituée par département et deux étaient instituées à Paris Les enfants de 12 à 17 ans suivaient des études en trois phases : langue, acquisition des grandes connaissances, débat d’idée. Les écoles centrales sont réservé à une élite.
     
    Les différentes assemblées qui se sont succédé au cours de la Révolution française ont discuté de plans d'éducation et d'enseignement qui visaient tous à un épanouissement de la recherche universitaire. Mais la traduction pratique de ces débats n'a vu le jour qu'après l'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte (de l'œuvre de la Convention, il faut retenir surtout la création d'écoles spéciales, telle l'École polytechnique en 1794). Les universités sont supprimées en 1793 et remplacées à partir de 1794 par des écoles professionnelles : écoles de droit et de médecine. La Révolution développe aussi le système des grandes écoles comme l'école polytechnique, fondée en 1794. C'est à la même période que Condorcet lance le mouvement de l'éducation permanente qui doit permettre à tout citoyen de se former tout au long de sa vie. Le Conservatoire national  des arts et métiers est crée à cette époque..


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  • Les reformes de la justice
     
    La nouvelle justice civile
     
    La loi des 16 et 24 août 1790
     
    La loi des 16 et 24 août 1790 est une loi française sur l'organisation judiciaire. C'est la première loi importante en matière de justice votée par la Constituante. La loi organise pour quelques années les juridictions judiciaires à caractère civil. Au premier degré, les juridictions sont : les justices de paix, à raison d'au moins un par canton ; les tribunaux de district, à raison d'un par district ; les tribunaux de commerce. Les juges de paix sont
    compétents jusqu'à 50 livres sans appel et jusqu'à 100 livres à charge d'appel, ainsi qu'en matière gracieuse. Les tribunaux de commerce règlent les litiges en matière commerciale. Les tribunaux de district sont compétents dans les autres causes. Les tribunaux de district sont également compétents pour les jugements d'appel, l'appel étant porté devant un autre tribunal de district.
     
    Les évolutions postérieures  
     
    La convention ne va instituer que des apports temporaires. En octobre 1792, elle va décider de la suppression des conditions de richesses et d’expérience pour être juge qui seront rétablies par la convention après la chute de Robespierre. Le directoire va modifier le cadre territorial en supprimant le district. Le directoire va transférer le tribunal civil au chef lieu de département. Le tribunal civil est doté de 20 juges divisé en section. Le mode de désignation est le principe d’élection des juges mais le directoire refuse d’installer des juges élus dont les convictions politiques lui déplaise. Il aura recours à la nomination pour les places de juges vacant pour le temps du mandat restant Des commissaires ayant le rôle de ministère public sont nommés auprès de chaque
    juridiction. Ils sont librement révocable par le directoire alors qu’ils étaient nommés à vie sous la monarchie constitutionnelle.     
     
    La nouvelle justice pénale

     
    Les points forts
     
    1)La procédure pénale réglementée est réformée par les lois des 19-22 juillet et 16-29 septembre 1791. De type inquisitoriale, la procédure mise en place s'inspire du modèle accusatoire et vise à mieux garantir l'application des principes issus de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas » (article 5).
     
    2)C'est également à cette époque que l'on élabore un Code pénal (1791) et que l'on établit trois sortes d'infractions : délits municipaux, délits correctionnels, délits et crimes comportant une peine afflictive et infamante. Les peines applicables devenues publiques et personnelles, devaient être prévues par la loi pour chaque délit. Il y a trois degrés de justice pénale. Le tribunal de police municipal est chargé de juger les infractions les moins graves. Au niveau du canton, un tribunal de police correctionnelle juge les délits.  Au sommet se situe au chef-lieu du département le tribunal criminel.   
     
    3)Au sommet se situe au chef-lieu du département le tribunal criminel, institution  à l'origine de notre cour d'assises, composé de quatre magistrats et du jury populaire (12 citoyens tirés au sort). Il y a, en outre un accusateur public chargé de diriger les poursuites et un commissaire chargé de requérir l'application de la peine. Ce tribunal juge les crimes et délits les plus graves. L'instruction préparatoire est confiée au juge de
    paix, complétée par l'un des juges du district. L'affaire est ensuite soumise au jury d'accusation (8 citoyens tirés au sort) présidé par le juge de district, qui se prononce sur le renvoi devant le tribunal criminel en formation de  jugement. Il y a donc deux jury : un jury d'accusation et un jury de jugement. Ce dernier ne délibère que sur la culpabilité les magistrats prononcent la peine. Le seul recours possible de la décision du tribunal criminel est le recours en cassation.
     
    Les lacunes
     
    1)L'abolition totale de la peine de mort est l'objectif recherché par César Bonesana, marquis de Beccaria. Au début de la Révolution, deux courants se dégagent, l'un partisan de l'abolition totale de la peine de mort, l'autre partisan d'une réduction de celle-ci à la répression des crimes les plus graves. Dans le Code pénal de 1791, deux grands types de crimes lui restent soumis : ceux contre la chose publique (sûreté extérieure et intérieure de l'État) ; ceux contre les particuliers. Sous la Convention, la peine de mort subsiste, mais, dès le lendemain de la décapitation de Louis XVI, Condorcet présente une motion en faveur de son abolition. Jamais pourtant la guillotine n'a autant fonctionné que pendant la Terreur.  
     
    2)Selon l’article 6 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « La loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ». Les juges n’ont aucune marge d’appréciation concernant la fixation de l’importance de la peine. Une peine est fixée pour chaque type précis d’infraction. Ce système sera supprimé en 1810 par Napoléon et remplacé par un système d’individualisation des peines avec un minimum et un maximum.  
     
    Le tribunal de cassation
     
    L 'organisation juridictionnelle est complétée durant la période révolutionnaire par  l'institution d'un tribunal de cassation et de tribunaux d'appel. Le tribunal de cassation, couronnant les institutions judiciaires, a été créé pour assurer le respect de la loi et l'unité de la jurisprudence. Juge exclusif du droit, le tribunal de cassation ne dispose pas, à l'époque, des attributions aujourd'hui dévolues à la Cour de cassation ; sa compétence se voit limitée à l'examen des vices de forme dans la procédure et de veiller au bon respect de la loi, sans connaître du fond de l'affaire ; son pouvoir d'interprétation de la loi est limité par l'existence du « référé-législatif » - qui oblige le tribunal à demander au législateur d'indiquer le sens et la portée des textes de loi


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  • La rubrique loisirs sera totalement refaite. La sous rubrique logiciels sera la premiere à être modifiée. Les articles sur les logiciels seront composés de comparatifs de logiciels. J'espere que cette nouvelle misen page vous plaira. Les premiers articles seront publiés dans les semaines à venir.

    A bientôt


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