•    2)Les métamorphoses du droit romain

    A la différence du droit canonique, le droit romain n’a pas suivi une évolution linéaire. La fin du XVe siècle et le début du XVIe ont été pour lui le temps d’un nouvel essor : il a connu alors une seconde renaissance, après celle des XIIe-XIIIe siècles, et, dans une partie de l’Europe, son influence en est sortie renforcée. En France, au contraire, cette brève renaissance a préludé à de profondes transformations, dont l’autorité du droit romain s’est trouvée amoindrie. Dépourvu de force contraignante en pays coutumiers, il n’a subsisté qu’en tant de modèle, dont la doctrine et la législation se sont inspirées avec une grande liberté.  

          a)La seconde renaissance du droit romain

    La seconde renaissance du droit romain a revêtu un double aspect. Sur le plan de son application pratique, elle a vu la reprise de la pénétration des règles romaines, mieux connues et plus largement diffusées grâce à l’imprimerie, qui répandait en grand nombre auprès des praticiens les ouvrages des docteurs italiens et les formulaires d’inspiration romaniste. Sur le plan intellectuel, l’influence de l’humanisme a suscité un intérêt nouveau et a permis l’émergence de méthodes différentes d’étude du droit romain, qui ont contribué aussi, dans un premier temps, à accroitre son influence.

          *La réception du droit romain

    La réception doit être distinguée de la pénétration. La pénétration du droit romain, telle qu’elle s’était produite aux XIIe-XIIIe siècle, avait permis la diffusion plus ou moins large de sa connaissance chez les juristes, répandu ses concepts et sa terminologie, mais souvent sans modifier beaucoup le fond des droits locaux. La réception a produit au contraire un phénomène d’acculturation qui a fait des lois romaines la source principale du droit, officiellement reconnue et rigoureusement appliquée par les autorités. Ainsi dans la France des pays de droit écrit. 

          *Renouveau des études romanistes

    En même temps que s’accroissait sa diffusion, le droit romain connaissait une renaissance intellectuelle profonde, sans lien direct avec sa réception pratique mais qui a produit aussi des conséquences importantes. Renouveau intellectuel qui se rattache à l'’humanisme, courant de pensée apparu dans l’Italie du XVe siècle et répandu dans toute l’Europe au cours du XVIe siècle. L’apport intellectuel de l’humanisme a été considérable. Il a fondé la méthode historique et introduit l’histoire au cœur de la pensée juridique, non dans le seul but de satisfaire la curiosité scientifique mais aussi parce que la redécouverte du droit antérieur aux byzantins devait contribuer au perfectionnement moral et technique de toute la discipline.


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