•       b)L’ordre féodal

    Féodalité n’est pourtant pas synonyme d’anarchie. Même si elle a engendré des conflits entre seigneurs, elle a constitué un système politique relativement ordonné, mieux adapté à la situation et donc plus efficace que la monarchie centralisée des carolingiens. Elle n’a pas entrainé la disparition de l’autorité mais un exercice différent de celle-ci, avec d’ailleurs des fondements et des modalités eux-mêmes très divers selon qu’elle pesait sur les manants ou sur les membres de l’aristocratie dirigeante.

          *L’autorité sur les manants

    Sur les roturiers habitant la seigneurie, hommes libres ou serfs, c’étaient des prérogatives de droit public, les attributs de la puissance publique d’origine royale qu’exerçaient, par concession ou par usurpation, les seigneurs. Parmi ces prérogatives, le ban, pouvoir de commandement semblable à celui du roi, qui permettait d’exiger des services militaires, des corvées pour l’édification ou la garde du château, de règlementer les pratiques agraires, d’imposer des monopoles économiques (fours, moulins et pressoirs banaux).

    Autre prérogative, la justice, dont la filiation avec celle du roi est soulignée par le fait qu’elle comportait, comme elle, deux degrés : la haute justice était l’ancienne justice comtale, seule compétente pour juger les causes majeures, au pénal les crimes graves (homicide, rapt, incendie, vol), au civil les affaires relatives à la condition des personnes et à la propriété immobilière ; la basse justice, compétente seulement pour les petits délits. Mentionnons enfin la fiscalité, notamment la taille, impôt annuel perçu sur les roturiers, libres ou serfs.

          *Les liens féodo-vassaliques

    Entre membres du groupe dominant, l’autorité était d’une autre nature, plus privée que publique : d’origine contractuelle, elle reposait à la fois sur un acte formaliste hérité des pratiques juridiques de l’époque franque, le contrat de foi et hommage, qui créait un lien personnel de vassalité, et sur un élément réel, la concession d’un fief. L’hommage vassalique, renforcé par un serment de fidélité, la foi, formait des obligations réciproques entre l’inférieur, le vassal, et le supérieur, le seigneur.

    La concession d’un fief, à l’origine séparée de l’hommage, en est vite apparue comme le complément et la contrepartie. Faite à titre viager avant le XIe siècle, la concession est devenue rapidement héréditaire. Le fief est ainsi entré pleinement dans le patrimoine du vassal, qui ne pouvait le perdre qu’en cas de manquement grave à ses obligations. Enfin l'élément réel, le fief, au départ simple concession, a rapidement pris le pas sur l’élément personnel et a contribué à l’affaiblir.


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