• Naissance du droit public dans l'antiquité gréco-romaine partie 1.6

       3)Naissance de la science politique

          a)La nature du droit

          *La loi positive

    La loi positive est une invention grecque, en rapport étroit avec l’essor des institutions aristocratiques, puis démocratiques, au sein de la cité. L’époque archaïque ne connaissait pas de véritables lois mais un droit (la thémis) que le roi exposait dans ses jugements en se référant à la volonté des dieux et aux coutumes des anciens. A partir de la fin du VIe siècle, le droit s’est progressivement laïcisé et identifié aux lois promulgués par les grands réformateurs (Dracon, Solon, Clisthène) ou votées par les assemblées : un droit écrit, de création humaine, tenant dans des lois établies par tous et connus de tous. En identifiant le droit à la loi, la pensée grecque a posé les bases du positivisme juridique.

    Elle en a expérimenté aussi les conséquences opposées ; d’un côté l’exaltation de la loi ; de l’autre la mise en doute de sa valeur et de son autorité. L’exaltation de la loi, la tendance à en faire un absolu était de tradition dans les démocraties grecques. En dépit de cette conception très haute, la loi positive n’était qu’une œuvre humaine et son autorité risquait d’en être fragilisée. Au cours du Ve siècle, elle a été contestée par une école philosophique, les sophistes, dont la doctrine consistait à douter de tout, à proclamer le relativisme le plus complet, à nier l’existence de toute valeur absolue. Expression d’une crise de la loi, les thèses des sophistes ont conduit, en réaction, à approfondir le débat sur la nature de celle-ci et à dépasser le positivisme.  

          *Les normes juridiques supérieures

    L’idée qu’au-dessus des lois positives existe des normes supérieures, dont l’origine n’est pas purement humaine, s’ancre dans une tradition très ancienne, que l’affirmation du positivisme avait contribué à refouler. Les polémiques avec les sophistes ont contribué à les ramener au premier plan : les plus grands philosophes, Socrate, Platon, Aristote, ont pris la défense des lois positives, mais une défense conditionnelle, qui sortait du cadre positiviste et justifiait les lois non par l’ordre d’un chef ou la décision d’une majorité, mais par leur fidélité à des normes plus élevés, d’origine divine ou naturelle.

    C’est également au droit naturel que se référait une école philosophique plus tardive, le stoïcisme, mais à une conception bien différente de celle d’Aristote, plus individualiste et cosmopolite. Le stoïcisme, qui s’est affirmé au temps des monarchies hellénistiques, alors que les cités avaient perdu leur indépendance et que les citoyens ne participaient plus guère aux affaires publiques, est l’expression du déclin des valeurs civiques et du repli sur soi : La nature de l’homme sur laquelle se fonde le droit naturel stoïcien n’est pas sa nature sociale mais sa nature intérieure, identique chez tous, la raison, la conscience et les préceptes moraux que dicte celle-ci.


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