•       *Collégialité des magistratures

    La collégialité caractérisait les magistratures antiques. Les fonctions étaient presque toujours confiées à plusieurs titulaires : dix stratèges à Athènes, dont chacun commandait l’armée et la flotte un jour sur dix ; à Rome, deux consuls qui s’occupaient alternativement des affaires civiles et de l’armée, deux préteurs à tour de rôle urbain et pérégrin.

    La collégialité romaine présentait un caractère original et une plus grande portée juridique puisqu’elle impliquait la faculté permanente, pour chaque magistrat, de s’opposer aux décisions de son collègue en usant d’un droit de véto préventif (prohibitio), ou a posteriori (intercessio) : chacun exerçait une fonction indivisible et avait la faculté d’agir seul, mais ses décisions ne recevaient effet qu’avec l’accord au moins tacite de son collègue ; en cas de désaccord et d’usage du veto, il se trouvait réduit à l’impuissance.  

          c)Les conseils

    Les organes de conseil formaient des assemblées réduites, dont la fonction consistait à conseillait les magistrats et à les contrôler. A Athènes, l’Aéropage avait joué un rôle important à l’époque aristocratique mais n’exerçait plus, sous le régime démocratique, que des fonctions mineures. L’organe le plus important était la Boulé, formée de cinq cents citoyens désignés pour un an par tirage au sort. La Boulé préparait le travail de l’assemblée du peuple en examinant les projets de loi avant leur discussion publique, et coordonnait le travail des magistrats, dont elle entendait les rapports et à qui elle adressait des instructions, qu’elle pouvait aussi mettre en accusation et juger sur dénonciation de n’importe quel citoyen.

    Le Sénat romain jouait un rôle encore plus important, et dans un tout autre esprit. Formé au départ des chefs des grandes familles patriciennes, il s’était ouvert plus largement à la suite de réformes intervenues en 318 et en 120 avant J.-C., qui avait confié aux censeurs le soin de déterminer sa composition et d’y nommer les meilleurs citoyens : il ne comprenait en fait que d’anciens magistrats qui y accédaient dès leur sortie de charge. Il donnait son avis sur toutes les grandes affaires politiques, les projets de lois, les listes de candidats aux élections, les préparatifs de guerre, sous la forme de sénatus-consultes votés à la majorité.

    La complexité des systèmes de gouvernement des cités antiques n’a pas suffi à prévenir les crises politiques : à Athènes, après la mort de Périclès (429 avant J.-C.), la démocratie a sombré dans l’anarchie et laissé place à des régimes tyranniques ; à Rome, la république a connu un siècle de guerres civiles avant de disparaitre en 27 avant J.-C. Ces crises de régime ont en réaction stimulé la réflexion et poussé au développement de la science politique.


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  •       b)Les magistrats

          *Désignation par le peuple

    Les magistrats étaient toujours nommés par le peuple mais selon des procédés variés. A Athènes, la plupart étaient désignés par tirage au sort. A rome, dans les débuts de la République, les nouveaux magistrats n’étaient pas élus mais cooptés par ceux qui sortaient de charge, avec l’accord du Sénat, ce qui favorisait la mainmise du patriciat sur les fonctions publiques.

    A partir de 449 avant J.-C., sous la pression de la plèbe, l’élection par les comices s’est généralisée mais des traces de l’ancien système ont survécu et ont limité le choix des électeurs. Autre manifestation du contrôle populaire : la durée des charges était brève, un an pour la plupart des magistratures grecques et romaines, parfois moins, trois ou six mois pour certaines fonctions à Athènes, et les sortants, sauf exception, n’étaient pas immédiatement rééligibles.

          *Spécialisation des fonctions

    Les magistrats étaient presque tous spécialisés dans des fonctions déterminées. Le gouvernement d’Athènes, d’abord confié à des archontes, dotés de grands pouvoirs à l’époque aristocratique mais qui n’ont conservé ensuite que des attributions religieuses et judiciaires, était assuré par des stratèges. Par exception élus et indéfiniment renouvelables, ils exerçaient des fonctions initialement militaires mais qui s’étendirent à l’administration civile. Ils étaient assistés de magistrats secondaires, spécialisés dans les finances, la police des rues et des marchés, les services publics, les temples, l’interprétation du droit sacré.

    Les magistratures romaines sont nées d’un mouvement de diversification progressif. Aux origines de la République, il n’en existait qu’une seule, substituée à la royauté dans toutes ses attributions politiques. Par la suite, à côté des consuls qui exerçaient la puissance suprême, sont apparus les censeurs, qui dressaient la liste des citoyens, composaient le sénat, infligeaient des blâmes et des amendes ; puis les préteurs, magistrats spécialisés dans la justice ; enfin les magistrats inférieurs, questeurs chargés des enquêtes criminelles puis des affaires financières, et édiles curules responsables de la police urbaine.

    Rome connaissait aussi des magistrats extraordinaires, auxquels elle avait recours dans des circonstances : dictateur, magistrat unique investi de tous les pouvoirs pendant six mois ; interrois, nommés en cas de vacance des magistratures ordinaires. Tous exerçaient dans le cadre de leurs attributions un pouvoir défini comme la puissance d’agir et d’exécuter les décisions des comices et du Sénat. Les magistrats supérieurs disposaient en outre du pouvoir suprême de commander et de contraindre, l’imperium.


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  •    2)Le gouvernement de la cité

          a)Les assemblées populaires

          *L’ecclesia athénienne

    L’assemblée du peuple se signalait à Athènes par son caractère éminemment démocratique : l’égalité de tous les citoyens était l’un des fondements de la démocratie grecque, qui reposait sur le principe que le pouvoir devait dépendre de tous et être exercé par tous, égaux devant la loi et par l’effet de la loi. Tous les citoyens mâles et majeurs de dix-huit ans avaient librement accès à l’assemblée.

    Démocratique, l’ecclesia l’était aussi par l’étendue de ses pouvoirs, qui permettait au peuple de connaitre de toutes les affaires de la cité. Elle s’occupait de la politique étrangère, nommait les ambassadeurs, décidait de la guerre et de la paix, contrôlait les finances, votait les impôts, affectait les ressources, élisait ou tirait les magistrats, exerçait certaines fonctions judiciaires. Et surtout elle votait les lois, mais sans avoir en ce domaine une pleine souveraineté : elle devait respecter les normes fondamentales posées par les grands législateurs du passé, Solon et Clisthène, considérées comme supérieurs à la législation elle-même et qui formaient une sorte de constitution.

    Périclès avait instauré un contrôle de légalité qui permettait à tout citoyen d’attaquer, soit immédiatement, doit dans un délai de un an, les lois votées ou les simples projets qu’il estimait contraires aux principes fondamentaux de la cité, et de les déférer devant une cour de 1 001 jurés désignés parmi le peuple par l’assemblée. Ce tribunal populaire se prononçait sur la validité des lois et des projets et pouvait infliger à leurs auteurs des sanctions pénales.

          *Les comices romains

    Mieux organisées et structurées, les assemblées romaines étaient aussi bien moins égalitaires. Rome possédait trois assemblées distinctes auxquelles les citoyens accédaient à partir de dix-sept ans : les comices curiates, qui remontaient à la royauté mais tombés en désuétude à l’époque républicaine, les comices tributes et les comices centuriates. Lors de la sécession de 471 avant J.-C., la plèbe avait créé sa propre assemblée mais celle-ci finit par se confondre avec les comices tributes à la différence près qu’elle était convoquée et présidée par un tribun de la plèbe.

    Peu démocratique dans leur organisation, les comices avaient en outre des pouvoirs plus réduits que ceux de l’assemblée athénienne. Les comices centuriates élisaient les magistrats supérieurs, votaient les lois, exerçaient des fonctions judiciaires, mais de manière plus théorique qu’effective. Les comices tributes, qui élisaient les magistrats inférieurs, et les assemblées de la plèbe, qui élisaient les tribuns et édiles de la plèbe et votaient des plébiscites, lois à l’origine propres aux seuls plébéiens mais qui ont obtenu une autorité égale à celle des lois adoptées par les comices.


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